Les leaders religieux centrafricains célèbrent à Rome les vertus de leur dialogue

Dieudonné Nzapalainga, Nicolas Guérékoyame Gbangou et Omar Kobine Layama dans les studios de la VOA, Washington, 19 mars 2014

Les responsables religieux catholique, musulman et protestant de la République centrafricaine ont célébré à Rome les vertus de leur dialogue qui, assurent-ils, commence à porter ses fruits surtout chez les jeunes.

"Plus on parle, plus les masques tombent", a souligné à Rome l'archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, devenu cardinal samedi, au siège à Rome de la communauté Sant Egidio, très impliquée dans le dialogue interreligieux et qui a souvent joué un rôle de médiateur dans des conflits, en particulier en Afrique, du Mozambique à la Centrafrique.

Ce dialogue a permis "de soustraire tant de jeunes à la propagande manipulatrice visant seulement à l'affrontement", s'est encore félicité Mgr Nzapalainga.

Intervenant aux côtés de l'imam Layama, président de la communauté musulmane de Centrafrique, et du pasteur protestant Philippe Sing-Na, le cardinal a rappelé l'importance de la visite du pape François l'an dernier à Bangui, où il est allé à la rencontre tant des catholiques que des musulmans.

"Le pape a touché les coeurs" lorsqu'il s'est rendu au PK5, quartier commercial de Bangui habité par de nombreux musulmans, devenu leur refuge au plus fort des affrontements entre rébellion Seleka, à majorité musulmane, et milices chrétiennes anti-balaka, a assuré Mgr Nzapalainga.

Les trois responsables religieux sont à l'origine d'une plate-forme interreligieuse qui tente de réconcilier les communautés en Centrafrique.

La flambée de violences n'est "pas une crise religieuse", a assuré le pasteur Sing-Na, pour qui "des gens sont venus pour nous pousser à la violence".

"La mal-gouvernance a joué un grand rôle", a estimé le cardinal. "Le problème du développement reste crucial", a renchéri l'imam Layala.

La Républicaine centrafricaine, classée parmi les pays les plus pauvres du monde, peine à se relever du chaos de la guerre civile provoquée en 2013 par le renversement de l'ex-président François Bozizé par des rebelles séléka, majoritairement musulmans. Cela avait entraîné une contre-offensive des milices anti-balaka, majoritairement chrétiennes.

L'intervention de la force française Sangaris - dont la mission a pris fin en octobre - et de la force de l'ONU (Minusca, environ 12.000 hommes toujours déployés) a mis fin aux grands massacres mais n'a pas réussi à stabiliser la situation sécuritaire.

Avec AFP