Cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah, émir du Koweït, est mort à 91 ans

L'émir du Koweït, Cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah, à l'aéroport de Heathrow à Londres, le 26 novembre 2012. REUTERS/Stefan Wermuth

L'émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah, est mort mardi à 91 ans, a annoncé le palais royal de ce pays pétrolier du Golfe.

Il était considéré comme un doyen de la diplomatie dans une région traversée par des décennies de crises.

"C'est avec une grande tristesse et un grand chagrin que nous pleurons (...) la mort de cheikh Sabah al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, émir du Koweït", a déclaré cheikh Ali Jarrah al-Sabah, ministre chargé des affaires royales dans un enregistrement diffusé à la télévision.

La télévision au Koweït avait interrompu ses programmes et diffusé des versets du Coran avant l'annonce officielle.

Après son hospitalisation au Koweït le 18 juillet, le chef de l'Etat, arrivé au pouvoir en 2006, avait transféré "temporairement" une partie de ses pouvoirs au prince héritier, cheikh Nawaf Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah. Ce dernier, son demi-frère âgé de 83 ans, devrait lui succéder.

Cheikh Sabah s'était ensuite rendu aux Etats-Unis fin juillet pour continuer un traitement médical, selon les autorités qui n'avaient donné aucun détail sur la nature de sa maladie.

On ne sait pas encore si le décès de l'émir est survenu aux Etats-Unis ou s'il était revenu au Koweït.

Il avait subi une ablation de l'appendice en 2002 et s'était fait poser un stimulateur cardiaque en février 2000. En 2007, il avait subi une opération des voies urinaires aux Etats-Unis.

Médiateur

Cheikh Sabah était considéré comme l'architecte de la politique étrangère du Koweït moderne en étant à la fois un grand allié des Etats-Unis et de l'Arabie saoudite tout en entretenant de bonnes relations avec le rival de ces derniers, l'Iran.

Son hospitalisation en juillet avait précédé celle du roi Salmane d'Arabie saoudite, 84 ans, qui a quitté après y avoir passé 10 jours pendant lesquels il a subi une ablation de la vésicule biliaire.

Après la mort en janvier du sultan Qabous d'Oman, c'est un autre médiateur influent qui disparaît dans une région marquée par des tensions avec l'Iran et la dispute qui a éclaté en 2017 entre le Qatar d'une part et l'Arabie saoudite et ses alliés d'autre part.

Dans ce dossier, cheikh Sabah a adopté une posture de médiation en appelant à une désescalade dans le Golfe.

Sa mort "aura un impact profond, à la fois en raison de son rôle en tant que diplomate et médiateur régional mais aussi comme figure unificatrice dans son pays", affirme Kristin Diwan, de l'Arab Gulf States Institute, basé à Washington.

"Les koweïtiens ont apprécié sa capacité à garder l'émirat en dehors des conflits et rivalités régionaux", ajoute l'experte.

Parcours mitigé

Son règne a toutefois été marqué par des turbulences politiques, des manifestations et des arrestations d'opposants mais aussi la chute des prix du pétrole, dont le pays dépend. Considéré comme un libéral, notamment sur les réformes économiques et sociales qu'il a menées et les droits des femmes, il a toutefois écarté la légalisation des partis politiques.

La politique de son successeur ne devrait pas s'éloigner trop de celle de cheikh Sabah, alors même que deux de ses voisins, les Emirats arabes unis et Bahreïn, ont décidé de normaliser leurs relations avec Israël.

Nommé prince héritier en 2006, cheikh Nawaf Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah a occupé plusieurs postes importants au sein du gouvernement.

Cinquième fils du cheikh Ahmed Al-Jaber Al-Sabah, qui a dirigé le Koweït de 1921 jusqu'à sa mort en 1950, cheikh Nawaf était ministre de la Défense en 1990, au moment de l'invasion de l'émirat par les troupes irakiennes de Saddam Hussein.

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