Chine: Ivanka Trump, exception à la règle du "Buy American"

La fille de Donald Trump, Ivanka, à Washington D.C., le 15 février 2017.

"Nous allons suivre deux règles simples: acheter américain et embaucher américain" promettait Donald Trump dans son discours d'investiture. Mais au même moment, au moins huit cargos avec en soute plus de 50 tonnes de produits marqués "Ivanka Trump" voguaient vers les Etats-Unis en provenance de ports chinois.

Alors que le nouveau président des Etats-Unis a accusé pendant sa campagne la Chine de "voler" des emplois américains en produisant moins cher, les produits de sa fille Ivanka sont fabriqués dans l'Empire du milieu. Depuis l'élection, ce sont pas moins de 1.600 portefeuilles en cuir, deux tonnes de chemisiers 100% polyester et 23 tonnes de chaussures Ivanka "made in China" qui ont traversé le Pacifique.

Des marchandises réparties dans plus de 80 cargaisons: pratiquement une par jour ouvrable a franchi les douanes américaines entre l'élection du 8 novembre et fin février. Et cela, alors même que Donald Trump s'en prenait aux multinationales qui délocalisent hors des Etats-Unis.

Et les commandes continuent à affluer, selon les entreprises chinoises qui fabriquent ces produits.

Les affaires de la fille du président sont au coeur d'une polémique depuis que le distributeur Nordstrom a décidé début février de retirer la ligne Ivanka Trump de ses rayons. Nordstrom s'est défendu de toute motivation politique, expliquant simplement que la marque ne faisait plus recette... particulièrement depuis la fin de l'an dernier.

1.200 cargaisons

La décision de Nordstrom a été vertement critiquée par le président américain et son entourage, qui a même encouragé ses partisans à acheter les produits de sa fille.

Ivanka Trump ne fait pas directement fabriquer ses produits en Chine: cette décision relève des entreprises de confection comme G-III, les sacs à main Mondani ou les chaussures Mark Fisher, à qui la fille du président a confié sa marque. G-III a ainsi vendu en 2015 pour 29,4 millions de dollars (27,7 millions d'euros) de produits estampillés Ivanka, selon le rapport annuel du groupe, qui ne précise pas dans quels pays sont fabriqués les marchandises en question.

Mais la ligne Ivanka n'est pas la seule de la marque Trump à être produite en Chine. Au cours des 10 dernières années, plus de 1.200 cargaisons de produits portant le patronyme du milliardaire ont été acheminées vers les Etats-Unis depuis la Chine continentale ou Hong Kong, selon des données des douanes américaines consultées par le cabinet anti-Trump "Our Principles PAC".

Attaqué pendant sa campagne, Donald Trump a défendu la décision de sa famille de franchiser son nom à des entreprises qui produisent en Chine, disant y voir des décisions économiques bien avisées, alors même qu'il attaquait des groupes comme Ford ou Nabisco pour avoir délocalisé.

'Rapatrier des emplois'

Lors de son intervention devant le Congrès, Donald Trump s'est vanté d'avoir convaincu Ford et d'autres multinationales de rapatrier une partie de leur production. Mais il n'a pas dit un mot depuis son élection sur les affaires de sa fille.

Donald comme Ivanka Trump ont assuré qu'ils ne s'occupaient plus de leurs intérêts commerciaux, confiés à des proches tant que le milliardaire sera à la Maison Blanche. Mais ils n'ont pas vendu leurs sociétés, ce qui les autoriserait à reprendre en mains leurs affaires après la fin du mandat de M. Trump.

Fin février, Ivanka a assisté à la Maison Blanche à une réunion en présence d'une dizaine de représentants de l'industrie américaine durant laquelle son père a promis de "tout faire pour rapatrier des emplois".

Interrogé par l'AFP, un porte-parole de la marque Ivanka a assuré que l'entreprise "partageait l'intérêt des patrons du secteur pour accroître la présence d'industries aux Etats-Unis et avait hâte de prendre part à cette conversation".

Mais visiblement pas tout de suite: au moins une entreprise du sud de la Chine a reçu une commande de 10.000 chaussures pour la prochaine saison, selon le quotidien chinois Global Times.

Avec AFP