Choléra en Haïti: l'ONU cherche des financements pour tenir ses promesses

Le Dr. David Nabarro, chargé de la lutte contre le choléra en Haiti, le 16 septembre 2014.

Les Nations unies ont du mal à réunir les fonds promis aux victimes de l'épidémie de choléra en Haïti mais comptent sur le retour d'une certaine stabilité politique pour rassurer donateurs et investisseurs, explique à l'AFP un haut responsable onusien.

Début décembre, l'ONU avait présenté pour la première fois des excuses aux Haïtiens pour son rôle dans l'épidémie. Elle avait annoncé un plan pour aider les familles des victimes et mieux lutter contre la maladie, espérant mobiliser 400 millions de dollars sur deux ans.

Selon des experts indépendants, le choléra a été introduit par des Casques bleus népalais déployés dans le pays.

Mais l'argent tarde à venir, constate le Dr David Nabarro, chargé de ce dossier.

"L'argent est toujours un sérieux problème (...) Je n'ai jamais eu autant de mal à réunir des fonds pour une cause", déplore ce médecin britannique, qui a coordonné la lutte contre la récente épidémie de fièvre Ebola ayant fait 11.000 morts en Afrique de l'Ouest.

M. Nabarro "rend un hommage particulier" à la France et à la Corée du Sud, qui ont promis de verser respectivement 600.000 euros et un million de dollars à un fonds spécial mis en place par l'ONU.

"Je ne suis pas découragé", affirme-t-il, tablant sur l'arrivée de nouveaux contributeurs "dans les deux ou trois mois à venir".

A Davos pour récolter

Pour l'instant, l'ONU a réuni entre 60 et 100 millions de dollars pour améliorer les installations sanitaires désastreuses du pays, et plus de 10 millions pour accélérer la réponse d'urgence à l'épidémie.

Deux millions seulement sont d'ores et déjà disponibles pour des actions en faveur des communautés les plus touchées par l'épidémie en Haïti, comme la construction d'infrastructures ou des bourses d'études.

Une équipe de l'ONU est actuellement sur place pour évaluer ces besoins, en liaison avec les autorités locales.

M. Nabarro doit se rendre fin janvier au Forum économique mondial de Davos (Suisse), pour tenter de convaincre donateurs et investisseurs potentiels de mettre en place un "consortium à long terme".

Une réunion à haut niveau, centrée sur l'amélioration du système sanitaire et d'approvisionnement en eau d'Haïti, est prévue le 18 janvier à Davos, avec la participation de la Banque mondiale, de la Banque interaméricaine de développement, du secteur privé et de diverses fondations.

Pour le Dr Nabarro, l'élection du nouveau président haïtien Jovenel Moïse, qui parachève un long processus électoral et met fin à une période de grande incertitude, peut contribuer à faire passer Haïti, un des pays les plus pauvres de la planète, "de l'aide humanitaire à une phase d'assistance au développement à plus long terme".

"Le fait qu'il y ait eu une élection présidentielle réussie fait une grande différence quant à la capacité des banques de développement de diriger l'argent vers un pays", explique-t-il.

De même, il perçoit "des signaux positifs" et un optimisme prudent de la part des investisseurs privés.

"Nous sommes ravis que l'élection (de Jovenel Moïse) ait été validée", ajoute le responsable onusien. "Cela montre au reste du monde que Haïti est de nouveau d'aplomb du point de vue politique".

Jovenel Moïse a été confirmé mardi président élu, avec 55,60% des suffrages récoltés au scrutin du 20 novembre, et doit prendre ses fonctions le 7 février. Mais cet entrepreneur de 48 ans hérite d'un Etat politiquement et socialement divisé, aux finances exsangues.

La flambée de choléra enregistrée après le passage en octobre du puissant ouragan Matthew a été contenue. Mais l'épidémie, la plus virulente de l'histoire contemporaine, persiste faute de financement suffisant.

Depuis octobre 2010, elle a causé la mort de plus de 9.400 Haïtiens et contaminé plus de 800.000 personnes.


Avec AFP