Dans les quartiers Keur Massar, Jaxay, Parcelles Assainies, Rond-Point Case, Camberene, les jeunes ont investi les rues sous la pluie pour bloquer la circulation et dénoncer les inondations interminables qu'ils vivent à chaque hivernage. L'intervention des forces de l'ordre ne fera qu'augmenter la grogne des habitants.
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"Notre cité est l'un des endroits les plus touchés par les inondations nous sommes tellement fatigués et très affectés par cette situation. On a nulle part où dormir, des gens ont perdu la vie et le gouvernement ne montre aucune volonté", peste Pape Laye, habitant de Camberene.
Pour lui, si l’État avait fait son devoir "on en serait pas à ce niveau". Dépité, Pape juge même que les déclarations du ministre de l’Intérieur à propos des secours sont juste pour "trouver une justification" à ce désastre. "C'est juste de la politique mais ils peuvent plus berner les victimes", conclut-il.
Victimes collatérales de la pluie et de la furie des manifestants, les usagers de la Voie de Dégagement Nord -- l'autoroute plus connue sous son sigle, VDN -- ont été bloqués pendant des heures dans la circulation. Pour Pape Bounama Diop, l'État est le seul responsable de cette situation désastreuse.
"Ils ont stoppé toutes les voitures, ils nous ont bloqués sous les eaux pendant deux heures de temps. Je pense que chacun a le droit de manifester sa colère mais les gens ne doivent pas payer des pots qu’ils n’ont pas cassés", s'insurge l'automobiliste. Pape Bounama estime que l’État a failli dans sa gestion en faisant "des routes nationales et des VDN sans pouvoir canaliser" les eaux normalement.
Du côté des pouvoirs publics, on affirme avoir injecté 750 milliards de FCFA pour régler le problème des inondations. Une version des faits qui est contredite par les populations qui n'ont constaté aucune évolution. Sous couvert de l'anonymat, ce jeune habitant des Parcelles Assainies ne cache pas son désarroi.
"Depuis qu’on est petits on vit la même chose chaque année: l’État nous promet de changer beaucoup de choses alors qu'ils ne le font pas. C'est vraiment désolant mais on n'y peut rien", affirme le jeune homme abattu et dépassé par les événements.
Il souligne également qu'ils ne peuvent pas déménager, car ils n'ont ni les moyens, ni des possibilités, raison pour laquelle ils sont obligés de "vivre dans la misère" et sans personne pour les aider.
En visite dans la banlieue de Dakar pour s'enquérir de la situation, le ministre de l'Intérieur Aly Ngouille Ndiaye a annoncé que le budget pour l'organisation des secours est en cours d'évaluation.
"C'est après avoir reçu le rapport de tous les gouverneurs que nous avons tenu une rencontre au ministère de l'intérieur avec les techniciens qui doivent évaluer le budget nécessaire pour qu'on puisse lancer le plan Orsec tel que demandé par le Chef de l'État. Mais en attendant de finaliser ce chiffrage du plan, nous avons déjà fait des opérations", a affirmé le ministre.
En attendant l'apport du plan Orsec annoncé par le chef de l'État, les conséquences causées par les fortes pluies du week-end se font déjà sentir avec des dégâts qui ont coupé des axes routiers dans plusieurs localités. À Dakar, la société nationale de transports Dakar Dem Dikk a annoncé la suspension des bus qui assurent la desserte en banlieue.