Clap de fin pour l'enquête de l'ONU sur les atrocités commises en Ethiopie

L'Ethiopie, qui comprend plus de 80 groupes ethnolinguistiques, est depuis longtemps confrontée à des conflits territoriaux à l'intérieur de ses frontières.

La Commission d'enquête de l'ONU sur les atrocités commises en Ethiopie ne verra pas son mandat renouvelé, faute de soutien de la communauté internationale.

Ces enquêteurs avaient pourtant averti mercredi qu'il existe un "énorme risque" que les "atrocités contre les droits humains continuent" en Ethiopie, depuis la paix conclue entre les rebelles tigréens et le gouvernement fédéral fin 2022. Les porte-parole du gouvernement éthiopien n'ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires de l'AFP.

Lire aussi : Dans une Ethiopie divisée, les Orthodoxes unis dans les célébrations de "Meskel"

La Commission a été mandatée pour la première fois par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies lors d'une session spéciale en décembre 2021, à la demande de l'Union européenne. Son mandat avait ensuite été renouvelé l'an dernier jusqu'à la mi-octobre. Aussi, depuis plusieurs semaines, les ONG avaient appelé la communauté internationale à le renouveler encore une fois alors que les exactions se poursuivent malgré l'accord de paix scellé en novembre dernier et qui a mis fin à deux ans de guerre.

A Genève, tous les regards étaient tournés vers l'UE pour savoir si Bruxelles allait demander le renouvellement du mandat, ce qu'elle n'a pas fait. Mais l'UE et l'Ethiopie ont signé mardi à Addis Abeba un document-cadre de coopération, "premier pas" vers une "normalisation" de leurs relations, à l'issue de deux ans de conflit dans le nord du pays, qui les avaient mises à mal.

"Il est temps de normaliser graduellement (nos) relations et de rebâtir un partenariat mutuellement bénéfique", a déclaré la commissaire européenne aux Partenariats internationaux Jutta Urpilainen en signant avec le ministre éthiopien des Finances, Ahmed Shide, un Programme indicatif multiannuel (MIP) de coopération. Ce MIP, une enveloppe de 650 millions d'euros pour la période 2024-2027, devait être signé en 2021 mais sa signature avait été suspendue en raison du conflit dans la région septentrionale du Tigré.

Délai dépassé

Les pays avaient jusqu'à mercredi 13 heures (11H00 GMT) pour déposer un projet de résolution devant le Conseil des droits de l'homme à Genève. Mais "aucun projet de résolution sur l'Ethiopie n'a été soumis aujourd'hui avant 13 heures et aucune demande d'extension de 24 heures n'a été demandée pour l'Ethiopie", a expliqué à l'AFP mercredi Pascal Sim, porte-parole du Conseil. Il n'y a "donc pas de projet de résolution sur l'Ethiopie pour cette 54e session" du Conseil, a-t-il ajouté, et le mandat de la Commission expirera à la fin de la session, le 13 octobre.

L'Ethiopie, qui comprend plus de 80 groupes ethnolinguistiques, est depuis longtemps confrontée à des conflits territoriaux à l'intérieur de ses frontières. Le conflit dans le nord de l'Ethiopie, qui a opposé les autorités rebelles du Tigré au gouvernement fédéral éthiopien, épaulé par des milices des régions voisines de l'Amhara et l'Afar ainsi que par l'armée de l'Erythrée, a été marqué par d'innombrables atrocités imputables à l'ensemble des belligérants.

Lire aussi : Arrestation du chef d'un parti d'opposition éthiopien

La Commission des experts affirme que des forces issues de l'Erythrée et de l'Amhara continuent à causer de graves exactions dans le Tigré. "Il y a un énorme risque que les atrocités contre les droits humains continuent", a prévenu mercredi la Commission dans son nouveau rapport, qui craint que cela ne se répercute dans la région et menace la stabilité de la Corne de l'Afrique.

La Commission a confirmé la présence actuelle de forces érythréennes en Ethiopie, et de continuelles atrocités contre les civils, notamment le viol et d'autres formes de violences sexuelles.