Climat: fin de COP tendue à Katowice

Les participants à la session plénière de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques 2018 à Katowice, en Pologne, le 13 décembre 2018. REUTERS / Kacper Pempel -

Entre retards, désaccords et pressions de toutes parts, la 24e conférence climat de l'ONU (COP24) se prépare à un finish intense, avec peut-être à la clé l'espoir d'un accord ambitieux pour l'application du pacte de Paris.

Prévue pour se terminer vendredi, la COP de Katowice devrait respecter la tradition et se prolonger un peu, anticipaient déjà les négociateurs. Ils ont reçu jeudi soir une nouvelle version du projet et devaient encore en trancher les points clés.

Leur mission: trouver le mode d'emploi de l'accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement à 2°C, voire 1,5°C, par rapport au niveau pré-industriel.

Ce sprint final arrive après deux semaines agitées, crispées par un contexte géopolitique défavorable à la cause climatique, marquées par une controverse imprévue sur le rapport scientifique du Giec, et assombries par le retour des divisions entre pays du Nord et du Sud.

Alors ces dernières heures suffiront-elles? "Il faut réussir le test de la COP24", rassure le négociateur malien Seyni Nafo, porte-parole du groupe Afrique. En 2015 à Paris "les étoiles étaient alignées. Aujourd'hui on est dans une situation plus compliquée, mais les choses vont peut-être rebondir en 2020-21. Entretemps, qu'au moins on produise des règles crédibles. C'est un signal que la communauté internationale enverrait à (Donald) Trump ou (Jair) Bolsonaro, qui se préparent déjà à faire des tweets. Il ne faut pas leur donner cette occasion!"

Les implications du "mode d'emploi" ne sont pas anecdotiques. En vertu de l'accord de Paris, les engagements des pays pour réduire les gaz à effet de serre sont volontaires. Mais leur suivi doit être multilatéral, avec des règles de transparence, comme autant de "poutres" garantissant la solidité de l'édifice.

À Katowice, cette discussion sur la manière dont les États devront rendre compte de leurs actions, a notamment été l'affaire des États-Unis et de la Chine. Le premier poussant, avec d'autres pays riches, pour des règles de suivi strict, et le second pour la flexibilité accordée aux pays en développement. Mais comment traduire cette flexibilité? Faut-il y attacher un délai?

La question des financements des politiques climatiques est l'autre préoccupation des pays pauvres, notamment comment va s'organiser la montée des fonds promis par le Nord à partir de 2025.

"Sur certains points les négociations sont grippées", relevait jeudi le négociateur chinois, Xie Zhenhua.

- Tocsin -

Le mode d'emploi n'est pas seul objet de controverse. Les délégués doivent encore régler un hic survenu autour de la mention du dernier rapport du groupe des experts de l'Onu (Giec) dans la décision finale. Arabie Saoudite, Russie, Etats-Unis, refusent le terme "accueille favorablement". Une "distraction bien inutile" pour la négociation, selon le terme d'un observateur, au vu de l'agenda déjà chargé.

Car à la table des pourparlers, il y a aussi "l'ambition": comment pousser les États, dont les engagements formulés en 2015 sont notoirement insuffisants, à présenter d'ici 2020 des plans renforcés? Y aura-t-il une déclaration d'intention en fin de COP? Rien n'est moins sûr.

Le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres est attendu vendredi à Katowice pour la troisième fois. Mercredi il appelait à intensifier l'action, devant un réchauffement "galopant".

Les promesses nationales présentées en 2015 conduisent à un monde à +3°C, annonciateur de conséquences dramatiques. Le Giec a dressé le tableau des impacts déjà en cours, à + 1°C aujourd'hui, et montré l'ampleur de ceux à venir à +1,5.

En Silésie, les pays les plus vulnérables ont aussi sonné le tocsin face au "risque d'extinction" qui les menace. "C'est le temps du leadership, pas de la lâcheté", a dit le commissaire au Climat philippin, Emmanuel de Guzman.

Des leaders qui manquent cruellement, ont regretté les ONG, relevant notamment "le silence de l'UE". "Le secrétaire général met la pression sur la Chine pour qu'elle assume ce rôle de leader", souligne Camilla Born, du think tank E3G.

Quant à la Pologne, présidente de cette COP24 organisée au coeur de sa capitale du charbon, elle se concentre sur le mode d'emploi, mais n'a jamais eu à son programme le renforcement des engagements.

Avec AFP