Cette annonce, qui intervient juste après le début de la 24e Conférence de l'ONU sur le climat en Pologne (COP24,) "envoie un signal important à la communauté internationale, pour qu'elle fasse de même", a estimé la Banque dans un communiqué.
Les pays développés se sont engagés à porter à 100 milliards de dollars par an d'ici à 2020 les financements (publics et privés) des politiques climatiques des pays en développement. Mais même si les flux augmentent, selon l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), les pays du Sud réclament des engagements plus clairs du Nord.
L'enveloppe de quelque 200 milliards annoncée lundi sera composée de 100 milliards de dollars de "financements directs" de la Banque mondiale.
L'autre moitié est répartie entre environ un tiers de fonds directs de deux agences dépendant du groupe Banque mondiale et deux tiers de fonds privés mobilisés par leur intermédiaire, a expliqué à l'AFP le responsable du dossier climat de la Banque, John Roome, précisant que cela représenterait 35% du total des financements.
"Cela fait environ 40 milliards par an, dont 27 milliards de fonds directs", a-t-il commenté. Au cours de l'année fiscale 2018 (juillet 2017 à juin 2018), la Banque a engagé 20,5 milliards de dollars de financements sur le climat et en moyenne environ 13,5 milliards par an sur la période 2014-2018, a-t-il précisé.
Alors que les financements concernant le climat se concentrent en majorité sur les actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre, notamment sur le développement des énergies renouvelables, la Banque a décidé d'insister pour son plan 2021-2025 sur le soutien à l'adaptation aux effets des dérèglements climatiques.
"Nous devons combattre les causes mais aussi permettre de nous adapter aux conséquences qui sont souvent les plus dramatiques pour les plus pauvres du monde", a commenté Kristalina Georgieva, la directrice générale de la Banque mondiale.
Ainsi, "pour la première fois", la moitié des 100 milliards de fonds directs de la Banque seront consacrés à des projets d'adaptation.
Augmentation du niveau des mers, inondations, sécheresses... Face aux effets dévastateurs des aléas climatiques qui les frapperont de plus en plus, les besoins des pays en développement sont énormes pour construire des digues, surélever des habitats ou mettre en place des systèmes d'alerte météo.
"Même si nous pouvons limiter le réchauffement à +2°C, nous savons que les besoins d'adaptation seront très importants dans des pays comme le Tchad, le Mozambique et le Bangladesh", a noté John Roome.
"Si nous ne réduisons pas les émissions et ne mettons pas en place des mesures d'adaptation maintenant, il y aura 100 millions de personnes supplémentaires vivant dans la pauvreté d'ici à 2030", a-t-il insisté. Et le nombre des "migrants climatiques" pourrait se multiplier, pour atteindre 143 millions d'ici à 2050 dans seulement trois régions (Afrique, Asie du Sud et Amérique latine).
Les quelque 200 pays réunis à Katowice jusqu'au 14 décembre doivent finaliser les règles d'application de l'accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement à +2°C, idéalement +1,5°C, par rapport à l'ère pré-industrielle.
Avec AFP