Il n'y aura pas de négociations à proprement parler ni d'annonces chiffrées à l'issue de cette réunion, une "pré-COP" étant une réunion informelle, précise pour l'AFP Tosi Mpanu Mpanu, négociateur de la République démocratique du Congo aux conférences climat des Nations unies.
Mais pendant deux jours, lundi et mardi au Palais du peuple, le siège du Parlement, les ministres et émissaires de haut rang vont multiplier contacts et discussions pour faire le point des avancées possibles et des blocages à craindre lors de la conférence "COP27" sur les changements climatiques prévue à Charm-el-Cheikh du 6 au 18 novembre.
Lors de la précédente COP, en novembre 2021 à Glasgow, la communauté internationale avait réaffirmé son objectif de contenir le réchauffement de la planète à 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle. Fixé en 2015 par "l'accord de Paris", ce but est pour l'instant hors d'atteinte, puisque nous sommes déjà à près de 1,2°C.
Des discussions ont eu lieu depuis sur la manière de concrétiser cette ambition, mais aucune avancée notable n'a été enregistrée, notamment en matière de financements.
A Glasgow, les pays pauvres, les moins responsables du réchauffement mais les plus exposés à ses conséquences, avaient demandé un mécanisme spécifique de prise en compte des "pertes et dommages" provoqués par le changement climatique.
Les pays riches, souvent les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, avaient rejeté cette revendication et un cadre de "dialogue" avait été créé à la place, pour discuter jusqu'en 2024 des "modalités pour le financement".
"La COP et la pré-COP étant organisées sur le continent africain, l'accent va certainement être mis sur l'accompagnement des pays du Sud par les pays industrialisés et pollueurs", analyse une source diplomatique souhaitant ne pas être nommée.
La présidence égyptienne de la COP affiche d’ailleurs ces questions de financements comme une de ses priorités pour le sommet de Charm-el-Cheikh, dont elle veut faire une "COP de la mise en œuvre".
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"Justice climatique"
Cette revendication de "justice climatique" était un des principaux mots d'ordre d'une récente manifestation à Kinshasa de jeunes militants congolais pour le climat qui, à l'image des jeunes du monde entier, demandaient que les grand-messes internationales "agissent", plutôt que de faire "des promesses non tenues".
La RDC va aussi profiter de la pré-COP pour se présenter en "pays solution", un slogan déjà employé lors de précédentes rencontres sur le climat. Situé au coeur du bassin du Congo, l'immense pays d'Afrique centrale a quelque 160 millions d'hectares de forêt tropicale, ce qui en fait un "poumon vert" capable d'absorber le carbone et de contribuer à la lutte contre le dérèglement climatique.
Avant le volet ministériel de la pré-COP, le gouvernement a d'ailleurs organisé début septembre au coeur de la forêt, dans la réserve de biosphère de Yangambi (nord-est), une "conférence scientifique internationale" sur la contribution des forêts tropicales à la lutte contre le changement climatique.
Dans leur déclaration finale, qui sera examinée à Kinshasa, les scientifiques ont appelé la communauté internationale à "accompagner toutes les initiatives" de préservation des forêts.
Car pour préserver ce trésor, menacé notamment en RDC par les cultures sur brûlis et l'exploitation de bois "énergie" (charbon de bois), Kinshasa, à l'instar d'autres pays forestiers, demande un soutien financier, pour que les communautés riveraines aient d'autres sources de revenus, pour avoir de l'électricité, des routes, etc.
"Le plus de moyens seront mis à notre disposition, le plus d'actions climatiques on pourra mettre en place", assure M. Mpanu Mpanu.
Vendredi dernier à Kinshasa, de jeunes militants congolais avaient manifesté "pour la justice climatique", certains sous la bannière de Greenpeace, dénonçant notamment la récente mise aux enchères par leur gouvernement de 30 blocs pétroliers et gaziers.
Comme le Sénégal, qui prévoit de commencer à exploiter ses réserves de gaz et de pétrole dans l'Atlantique en 2023, le gouvernement congolais revendique le droit du pays à profiter des revenus de son pétrole.
Il promet que les techniques d'exploitation retenues seront respectueuses de l'environnement, mais les militants jugent ce projet en contradiction totale avec l'image de "pays solution" que veut présenter la RDC au monde réuni à Kinshasa.