Les deux candidats en lice pour le second tour de l'élection présidentielle française, le sortant Emmanuel Macron et sa challenger Marine Le Pen, ont croisé le fer mercredi soir lors d'un débat télévisé.
M. Macron, 44 ans, est au pouvoir depuis 2017. Candidat de La République en Marche (LREM), il est arrivé en tête lors du premier tour, récoltant 29,48% des suffrages exprimés.
Mme Le Pen, 53 ans, est la candidate du Rassemblement National (RN). Elle est arrivée en deuxième position lors du premier tour, avec 24,03% des votes.
Lire aussi : Présidentielle en France: le compte à rebours est lancéLes deux adversaires ont offert aux électeurs un contraste de points de vue clair sur un large éventail de sujets.
Le débat, qui a duré environ trois heures, a abordé des questions chères à l'électorat. Les candidats sont allés de la cherté de la vie à la guerre en Ukraine, en passant par les retraites, la criminalité, l'immigration, les relations entre la France et l'Union européenne, et d'autres sujets polarisants.
Dès l'entame du débat, Marine Le Pen s'est déclarée "porte-parole du peuple français", dénonçant les politiques du président sortant. "Les mesures que vous proposez sont inefficaces et elles sont mal calibrées", a-t-elle lancé.
Ukraine
Sur l'Ukraine, Mme Le Pen a prôné une "limite entre l'aide et la belligerence". Elle s'oppose à un embargo sur les importations du gaz et du pétrole russes, qu'elle considère comme "hara kiri", un acte suicidaire.
En retour, le président sortant a dénoncé un prêt bancaire contracté par Marine Le Pen en 2015 auprès d'une banque russe. "Vous dépendez du pouvoir russe, vous dépendez de Vladimir Poutine", a lancé Emmanuel Macron, ajoutant: "Vous ne parlez pas à d'autres dirigeants, vous parlez à votre banquier quand il s'agit de la Russie!"
"C'est faux et c'est assez malhonnête, M. Macron!", s'est défendue Mme Le Pen.
L'Union européenne
"Souhaitez-vous rester dans l'Union européenne telle qu'elle est, avec le couple franco-allemand?", telle était la question posée par la co-modératrice du débat. "Pour faire avancer l'Europe, il faut un couple franco-allemand assez fort", a répondu M. Macron. En revanche, il a accusé son adversaire de vouloir "sortir de l'Europe".
"L'Union européenne, ce n'est pas tout ou rien", a déclaré en retour Mme Le Pen. "L'Union européenne se mêle de tout y compris ce qui ne la regarde pas", a-t-elle ajouté.
Comme alternative, la candidate du RN a proposé le concept de "nations souveraines", qui, selon elle, s'articule autour d'une Europe négociable.
Les relations avec l'Afrique
Même si le sujet n'a pas été développé en profondeur, les relations avec l'Afrique ont permis de distinguer davantage les deux candidats. C'est Marine Le Pen qui a ouvert le bal, reprochant aux modérateurs de n'avoir pas abordé le sujet. Pour elle, le statut quo ne marche pas. "Il faut redéfinir les relations" avec le continent africain, a-t-elle affirmé, reprochant à M. Macron d'être "trop européano-centré".
"J'ai fait plus de voyages en Afrique que mes prédécesseurs", s'est défendu le président français. "Le projet que vous portez est un projet de rétrécissement", a-t-il lancé.
Économie verte
Les deux candidats se sont également affrontés sur la question de l'environnement et de l'économie verte. Pour le président sortant, la bonne formule est un cocktail qui comprend de multiples options, dont le nucléaire et l'éolien.
Prônant plutôt le "patriotisme économique", Marine Le Pen a dénoncé volontiers une économie de marché basée sur le libre-échange, qu'elle accuse de causer 50% de la pollution en France.
"Votre programme n'a ni queue ni tête", a attaqué M. Macron, accusant son adversaire d'être "climato-sceptique". "Vous êtes un peu climato-hypocrite", a renchéri l'opposante.
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Retraites, coronavirus, laïcité, immigration... autant de sujets ont divisé les deux candidats. Il s'agit de la deuxième confrontation entre M. Macron et Mme Le Pen. La première, en 2017, s'était soldée par une victoire de M. Macron avec 66% des suffrages exprimés, contre 34% pour Mme Le Pen.
Au final, les Français devront trancher dimanche: Emmanuel Macron deviendra-t-il le premier président à remporter un second mandat depuis Jacques Chirac il y a 20 ans, en 2002 ? Ou la France aura-t-elle enfin sa première femme élue présidente ? La réponse dans quelques jours.