Clinton/Trump : attaques, piques et esquives

Donald Trump et Hillary Clinton, Hofstra University, New York, le 26 septembre 2016.

Hillary Clinton et Donald Trump se sont d'abord salués avec une politesse glacée. La paix froide n'a duré qu'un instant avant que les deux prétendants à la Maison Blanche n'en viennent à un échange très vif, parfois jusqu'à l'insulte.

Le premier débat de la présidentielle a été une lutte d'endurance de 90 minutes, sans autre pause dans les escarmouches et les esquives que les questions d'un modérateur passablement dépassé par l'ampleur de la tâche.

Curieusement, Hillary Clinton était vêtue de rouge, la couleur du parti républicain alors que Trump affichait une cravate bleue, la couleur des démocrates.

Elle n'a jamais appelé son adversaire que Donald, alors que lui- qui dans les réunions électorales la surnomme "Hillary la crapule" - lui a donné ici du "Madame la Secrétaire (d'Etat)".

La première femme candidate d'un grand parti à la fonction suprême s'est montrée calme, posée et ferme pour l'essentiel de l'affrontement. Toujours - ou presque - souriante, n'élevant que rarement la voix.

"Donald c'est bon d'être avec vous", a-t-elle lancé en guise d'ouverture. Elle n'a suscité qu'un demi sourire de la part de son adversaire, mais une réaction amusée de la salle.

Tout au long de la soirée, elle a tendu quelques pièges au milliardaire pour essayer de le faire sortir de ses gonds.

D'entrée de jeu, elle fait allusion au sérieux coup de pouce de 14 millions de dollars que Donald Trump a reçu de son père pour bâtir son empire, bien plus qu'il ne l'admet en général.

Le républicain a mordillé à l'hameçon: "Mon père m'a prêté une toute petite somme et j'ai bâti une immense fortune !"

'Mensonge raciste'

En général prompt à s'emporter ou à se lancer dans une dithyrambe, il a réussi à adopter un ton égal pour une bonne partie de la joute, tout en interrompant sans cesse son adversaire. Ce n'est qu'au bout d'une heure qu'il a montré son irritation, levant parfois les yeux au ciel.

Hillary Clinton a su mettre en valeur son expérience, montrer sa maîtrise des dossiers, se présentant comme la voix de la raison, comme l'ancienne secrétaire d'Etat qui comprend la marche des affaires du monde. Mais elle s'est aussi montré cassante: "Donald vous vivez dans un monde à part !". Plus tard, elle l'accuse de "mensonge raciste" sur la nationalité du président Obama.

Trump est resté dans son rôle de populiste, répétant des slogans polis et calibrés au fil des meetings électoraux sur les thèmes qui plaisent à ses électeurs, qui veulent dynamiter l'establishment de Washington.

Souvent les accrochages ont été rugueux.

"Elle n'a pas l'énergie" pour être présidente, "Hillary a de l'expérience mais c'est une mauvaise expérience", a mitraillé Trump, accusant l'ancienne secrétaire d'Etat d'être responsable "du chaos" au Moyen Orient pour faire bonne mesure.

Les deux adversaires ont aussi su faire rire la salle, parfois à leur détriment.

Après un vif échange sur l'économie, Hillary Clinton lance indignée: "j'ai l'impression que d'ici ce soir on va m'accuser de tous les maux".

"Pourquoi pas ? " réplique Trump du tac au tac.

"Je pense que mon meilleur atout, et de loin c'est mon caractère", a lancé Donald Trump provoquant des rires dans la salle et "woah, OK" de Mme Clinton, ponctué d'un roulement des yeux.

C'est à la toute fin des 90 minutes que Donald Trump a dit quelque chose qu'il n'avait jamais dit auparavant. Quand on lui a demandé s'il allait accepter le jugement des urnes il a répondu: "Si elle gagne, je la soutiendrai évidemment".

Avec AFP