Cobalt en RDC et droits humains : d'Apple à Renault, Amnesty note les grandes firmes

Dans la région minière de Katanga, en RDC, un train a déraillé le 12 novembre 2017. (VOA/Narval Mabila)

Apple à "l'avant-garde", Renault mis en demeure de mieux faire...: Amnesty a évalué le respect des droits de l'homme par une trentaine de multinationales qui s'approvisionnent en cobalt en République démocratique du Congo, dans un rapport publié mercredi.

"Les géants industriels ne font pas le nécessaire face aux allégations de travail des enfants dans les chaînes d'approvisionnement en colbalt pour les batteries", déplore l'ONG en résumé de son enquête sur la filière en RDC, pays africain qui fournit 50% de la demande mondiale.

Le secteur automobile est sévèrement épinglé dans un chapitre intitulé "La face sombre de la technologie verte", alors que la demande mondiale de cobalt explose : "Les constructeurs de véhicules électriques sont à la traîne par rapport à d'autres secteurs en ce qui concerne les pratiques liées à leurs batteries".

"Renault et Daimler présentent des résultats particulièrement mauvais", soutient Amnesty, qui dénonce "des zones d'ombre" dans leur chaîne d'approvisionnement.

L'ONG a d'ailleurs exigé que Renault "assume son devoir de vigilance en République démocratique du Congo", dans une lettre ouverte au PDG du constructeur français, Carlos Ghosn.

"C'est pourquoi nous souhaitons vivement recevoir de votre part les informations demandées", ajoute la lettre signée par la présidente d'Amnesty France.

Amnesty se montre plus indulgente avec le secteur informatique et Apple, sa marque vedette, première capitalisation boursière mondiale. "Au début de l'année, Apple est devenue la première entreprise à publier les noms de ses fournisseurs en cobalt".

Si les sociétés Dell et HP "ont montré des signes encourageants", "Microsoft fait partie des 26 entreprises qui n'ont pas rendu publiques les informations sur leurs fournisseurs", poursuit l'ONG.

Avec ce nouveau rapport, Amnesty voulait évaluer les progrès des grandes entreprises citées dans une précédente enquête datant de janvier 2016.

Quelque 20% du cobalt congolais sont extraits à la main dans des mines artisanales par des "creuseurs".

"Amnesty international a rassemblé des informations montrant que des enfants et des adultes extraient le cobalt dans des tunnels étroits creusés manuellement et sont exposés au risque d'accidents mortels et de graves affections pulmonaires".

Amnesty étudie également les pratiques du principal fournisseur de cobalt congolais, l'entreprise chinoise Huayou Cobalt, dont la filiale congolaise achète du minerai dans l'ex-Katanga et le revend aux grandes entreprises.

"Huyaou Cobalt a réalisé des progrès depuis le rapport de 2016 d'Amnesty, notamment en améliorant sa transparence. Des lacunes subsistent cependant".

La RDC regorge de ressources minières mais reste un des pays les moins développés au monde. La richesse du sous-sol contribue à alimenter les conflits armés qui déchirent depuis plus de 20 ans l'est du pays, en particulier les provinces du Nord et du Sud-Kivu, grosses productrices d'or, d'étain, de coltan et de tungstène.

Avec AFP