L'Etat colombien condamné dans l'attentat urbain le plus meurtrier des FARC

Le président de la Colombie, Ivan Duque, lors de son investiture à Bogota, en Colombie, le 7 août 2018.

L'Etat colombien a été condamné pour sa "responsabilité administrative" dans l'attentat contre le club El Nogal, le 7 février 2003 à Bogota, qui avait fait 36 morts, l'attentat urbain le plus meurtrier de l'ex-guérilla des FARC.

Le Conseil d'Etat, la plus haute instance de justice administrative du pays, a indiqué dans un communiqué que "les morts et les blessures occasionnées par l'attentat à la voiture piégée visant le club" relevaient de "la responsabilité administrative et patrimoniale" de la nation.

"Il apparaît que la situation d'extrême tension durant cette période et les difficultés d'ordre public que cela impliquait dans le pays obligeaient les autorités à démultiplier les moyens pour garantir la sécurité et la protection dues à la population civile", ont ajouté les juges.

Les magistrats ont par conséquent ordonné "l'indemnisation des préjudices moraux et matériels" des demandeurs qui avaient saisi la justice et dont le nombre n'a pas été précisé, tout comme le montant des sommes accordées.

L'Etat devra en outre organiser une cérémonie publique de réparation et financer l'installation d'une oeuvre d'art sur les lieux de l'attentat.

Le Conseil d'Etat a conclu que le parquet, l'agence de renseignement DAS, aujourd'hui disparue, la police et les ministères de la Défense, de la Justice et de l'Intérieur avaient exposé les civils durant le conflit avec l'ex-guérilla communiste.

Le tribunal a fait valoir que le club accueillait des réunions de hauts fonctionnaires et que la ministre de la Défense de l'époque et actuelle vice-présidente, Marta Lucia Ramirez, dormait sur place.

En outre, a-t-il ajouté, le parquet et la DAS "se sont abstenus de procéder à la vérification" d'informations faisant état de l'imminence d'une attaque "de grande ampleur" à Bogota et mentionnant El Nogal comme cible potentielle.

Après un accord de paix signé fin 2016 avec le gouvernement colombien, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) se sont transformées en parti politique.

L'ex-guérilla a reconnu sa responsabilité dans l'attentat commis dans la nuit du 7 février 2003 qu'elle a qualifié de "pire erreur" commise durant ses 53 années de lutte armée.

Le conflit armé en Colombie, qui a impliqué pendant une cinquantaine d'années organisations de guérilla, groupes paramilitaires, forces gouvernementales et trafiquants de drogue a fait plus de 260.000 morts, près de 83.000 disparus et 7,4 millions de déplacés.

Avec AFP