Combats entre miliciens et séparatistes dans le nord du Mali

Des casques bleus aux environs de Kidal, au Mali (AP)

Ces combats ont éclaté alors que le Niger devait héberger mercredi des pourparlers de paix entre des représentants de la Plateforme, alliance de groupes pro-gouvernementaux, et de la CMA.

BAMAKO (Reuters) - Une milice pro-gouvernementale malienne a affirmé lundi avoir tué une vingtaine de séparatistes touaregs lors de combats dans le nord du Mali, fragilisant un peu plus la mise en oeuvre de l'accord de paix d'Alger.

La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) a de son côté reconnu être à l'origine des attaques mais elle en a imputé la responsabilité aux "incursions" des miliciens et dit que les affrontements avaient fait de nombreuses victimes dans les rangs de ces derniers et seulement deux dans les siens.

Ces combats ont éclaté alors que le Niger doit héberger mercredi des pourparlers de paix entre des représentants de la Plateforme, alliance de groupes pro-gouvernementaux, et de la CMA, qui n'a toutefois pas encore confirmé sa participation.

Ces négociations visent à remettre sur les rails l'accord de paix signé en juin par les séparatistes, après avoir été paraphé le mois précédent par le gouvernement malien et les miliciens qui le soutiennent, afin de permettre à l'armée de Bamako de concentrer son action contre les mouvements islamistes.

Les tensions sont depuis réapparues dans le nord du Mali et les séparatistes touaregs ont lancé lundi matin une attaque contre des positions du Groupe autodéfense touareg imghad et alliée (Gatia), principale milice pro-gouvernementale, a déclaré le secrétaire général de cette dernière.

Fahad Ag Almahamoud a précisé que les accrochages s'étaient produits dans la région de Kidal, près des villes d'Anefis et d'Amassine, ainsi qu'à Tourek Oued. "Les combats sont désormais terminés, sur les trois fronts. La CMA a été défaite partout et a perdu 20 hommes. Il n'y a pas eu de perte de notre côté. Tous ces morts l'ont été pour rien", a-t-il dit.

Un porte-parole de la Coordination, Almou Ag Mohamed, a confirmé que les rebelles étaient à l'origine de ces attaques mais a reproché aux casques bleus de la Minusma, la mission de maintien de la paix de l'Onu, de ne pas avoir stoppé les incursions des milices pro-gouvernementales.

Accusant la Plateforme de vouloir "semer le désordre", il a affirmé que celle-ci avait subi de lourdes pertes et que seuls deux combattants séparatistes manquaient à l'appel, dont l'un a selon lui probablement été capturé. "Je ne vois pas l'intérêt de discussions au Niger ou ailleurs tant que nous n'aurons pas pu ramener le calme sur le terrain", a-t-il ajouté.

Qualifiant les affrontements de "violation flagrante du cessez-le-feu et de l'accord de paix", la Minusma a par la suite annoncé l'instauration d'un cordon de sécurité de 20 km autour de Kidal à partir de ce mardi matin et "jusqu'à nouvel ordre".

"La Minusma souligne qu'elle n'hésitera pas à entreprendre toutes actions nécessaires conformément à son mandat et ses règles d'engagement pour protéger les populations civiles qui seraient en danger", prévient-elle dans un communiqué, en invitant les deux camps à retourner sur les positions qu'ils occupaient avant le début de ces affrontements.