Cette journée était l’occasion pour les coopératives de production et de transformation d’appeler l’Etat à soutenir une filière souffrant du manque de moyens de production et de transformation.
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Constituées de femmes pour la plupart, les associations de production et de transformation des fruits et légumes se sont réunies dans la petite commune de Meguet, en province du Ganzourgou, pour leur journée.
Devant les autorités, les productrices ont égrené un chapelet des difficultés qui minent leur travail. Beaucoup de produits sont transformables si les moyens techniques suivaient, a expliqué Aguira Sawadogo, présidente de la coopérative Segré Nomma des transformatrices du Kourweogo.
"Nous, on transforme les produits forestiers non ligneux, à savoir le beurre de karité, l’huile de balanite, et les différents biscuits. Il y a les biscuits à base de farine de néré, des biscuits à base de feuilles de moringa, le zamne, le soumbala et le tamarin. Nous faisons le jus de tamarin, que nous transformons en sirop. C’est une petite unité de transformation. On a le matériel, mais ce n’est pas complet. Nous travaillons à en acquérir d’autres. Le matériel que nous utilisons n’est pas adéquat, donc ça cause beaucoup de problèmes dans la transformation", a déclaré Mme Sawadogo.
Ce souci lié aux efforts manuels pénibles en vue de fournir des produits de bonne qualité se pose aussi dans la commune de Po, d’où vient la transformatrice Alira Alimata de l’association Wematou.
"Les produits que j’ai présentés, c’est soumbala de soja, savon de soja, gâteau de soja, et puis toflè de soja. Il y a le marché, mais il n'y a pas de matériel et nous travaillons à la main", a fait savoir la présidente de l'association Wematou, ajoutant: "Il y a des séchoirs, mais nous, on a étalé comme ça sur les tables. Il y a des difficultés, et on n’a pas encore construit la maison de l’association."
Ces difficultés ont été portées par le président de la chambre régionale d’agriculture, Moussa Koné. Ce dernier juge important de renforcer certains domaines de la filière en raison de sa contribution à la sécurité alimentaire et à l’amélioration des conditions de vie des communautés.
"Malgré les efforts multiples et multiformes en faveur du secteur agricole, des contraintes demeurent. Parmi ces contraintes, nous pouvons noter, entre autres, la faible capacité organisationnelle et du fonctionnement des structures de la filière, l’accès difficile aux intrants et équipements de production, le cout élevé des technologies innovantes d’irrigation telles que l’irrigation au goutte à goutte, le faible accès aux technologies post-récolte des légumineuses, le manque d’infrastructures de stockage et de transformation et enfin l’absence de financements adaptés", a expliqué le président de la chambre régionale d’agriculture.
Le manque de formation est aussi revenu sur la table. Safiatou Dadjoari, présidente du groupement Zamma Lafia a dû apprendre de ses erreurs, se souvient-t-elle.
"On a amené biscuits de poids de terre, de soja, de mung been, arachides au moringa, grumeaux de niébé, couscous de niébé et dèguè de niébé. A mon niveau, je n’ai pas eu la chance d’être formée, mais je suis formatrice,et j’ai une expérience de 20 ans. Le produit que je viens de vous présenter, le soja mung been poids de terre, c’est un nouveau produit que je viens de découvrir. D'abord, j'ai essayé, et ça a bien donné. Mais au début, la première fois, j’ai eu des difficultés, et c’est la deuxième fois que j’ai pu réussir", a dit Mme Dadjoari.
Venu soutenir la filière, le Premier ministre Christophe Dabiré s’est voulu rassurant sur la volonté du gouvernement burkinabè d’apporter son concours pour accélérer la professionnalisation du secteur.
"C’est d’abord une journée pour magnifier l’ensemble des producteurs et particulièrement les femmes. Vous avez vu que les stands sont tenus par des femmes. Ça veut dire que les femmes dans notre pays sont au centre de la production des légumineuses, et il est important pour le gouvernement de les accompagner, parce que les femmes font partie des groupes les plus vulnérables de notre pays. Qu’on les accompagne pour qu’elles puissent améliorer leurs revenus et subvenir au besoin de leurs famille. Je crois qu’un des gros problèmes dans ce pays, c’est la spécialisation", a dit le Premier ministre.
M. Dabiré a suggéré d'amorcer la réflexion sur la question. Il s'agira, a-t-il dit, de voir "comment faire pour que le processus de spécialisation puisse s’engager avec le ministère du Commerce de l’Industrie et de l’Artisanat et le ministère de l’Agriculture et des Aménagements hydro-agricoles. Qu'ils se mettent autour d’une table pour faire en sorte que l'on accompagne les producteurs pour qu’ils puissent produire mieux et beaucoup, et mettre cela sur le marché afin que d’autres récupèrent cette production-là, pour la transformer."
Selon le Premier ministre Dabiré, la transformation structurelle de l'économie burkinabè "passe nécessairement par l’industrialisation, la création de PME et la transformation artisanale".
Avec plus de 18 000 espèces, les légumineuses les plus connues et produites au Burkina Faso sont, entre autres, le niébé, le poids de terre, l’arachide et le soja. Elles sont cultivées pour leurs qualités nutritionnelles et contribuent à améliorer l’état de santé notamment des femmes enceintes, des personnes âgées et des enfants.
Pratiquée par près de 70 % des ménages agricoles et ruraux, la culture des légumineuses génère près de 4 milliards de FCFA de revenus par an selon les chiffres officiels.