Dans l'après-midi, la Coalition électorale de l'opposition démocratique (CEOD), qui regroupe les partis de l'opposition dite "radicale", a dénoncé des opérations de "fraudes massives menées par le camp du pouvoir", alors que la Commission électorale nationale indépendante (Céni) continuait à collecter les résultats.
"Les dignitaires du régime ont eu recours à des bulletins de vote préremplis et remis aux électeurs pour les placer dans les urnes, à l'usage du vote multiple et au déplacement d'urnes des bureaux de vote avant leur décompte pour un bourrage criant", a dénoncé le chef de la coalition, Mohamed Ould Moloud.
Il également fustigé "l'incompétence et le caractère partisan de la Céni" qui est "mal formée à cette tâche et dont des membres sont à la solde du pouvoir".
Ces accusation ont été rejetées en bloc par le porte-parole de la Céni, Moustapha Ould Sid'El Moctar. "Nos équipes travaillent dans les normes et nous nous situons à équidistance entre toutes les parties", a-t-il affirmé.
Résultats retardés
"La complexité du vote et les pluies diluviennes qui ont isolé certaines contrées du pays retardent encore la compilation des résultats du vote", a ajouté le responsable de la Céni, selon qui les premiers résultats, espérés dimanche soir, sont maintenant attendus lundi ou mardi.
Le scrutin, complexe et pour lequel se présentaient un nombre record de 98 partis, dont ceux de l'opposition "radicale" qui avait boycotté les législatives de 2013, s'est prolongé samedi "jusqu'à tard dans la nuit dans plusieurs régions", avait-il auparavant expliqué.
Dès samedi, l'opposition avait dénoncé d'importants problèmes d'organisation, certains électeurs ayant notamment mis des heures pour retrouver leur bureau de vote, déplacé à la dernière minute.
Dimanche vers 10H00 (GMT et locale), le taux de participation s'établissait à 60% et tendait vers les 70%, selon la Céni.
Des observateurs interrogés par l'AFP estiment qu'un second tour, prévu le 15 septembre, "s'imposera dans la plupart des départements" où le scrutin se déroulait sur le mode majoritaire, c'est-à-dire dans les circonscriptions où moins de trois sièges étaient à pourvoir.
Les résultats devraient être plus rapidement connus lorsque le vote se faisait à la proportionnelle. Cela concerne deux listes nationales de 20 sièges, l'une réservée aux candidates et l'autre mixte, et les circonscriptions des grandes villes, soit 77 sièges en tout sur les 157 que compte l'Assemblée nationale.
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Ce scrutin est considéré comme un test pour le régime de M. Aziz, un ancien général arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 2008. Elu en 2009 et réélu en 2014, il a appelé les électeurs à plébisciter son parti, l'UPR, lors de ce scrutin.
Bien qu'il se soit engagé à maintes reprises à ne pas tenter de modifier la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels, il n'a pas apaisé les soupçons de l'opposition sur ses intentions pour la présidentielle de l'année prochaine, alimentés par les déclarations publiques de ses ministres et de ses partisans.
Au cours d'une campagne devenue houleuse dans la dernière ligne droite, l'UPR, large vainqueur des législatives de 2013 boycottées par la quasi-totalité de l'opposition radicale, a misé pour convaincre sur une croissance retrouvée et un indice de pauvreté ramené à "31%, contre plus de 40% en 2008", dans un pays d'un peu moins de quatre millions d'habitants dont le taux d'alphabétisation reste faible.
L'opposition quant à elle dénonce une forte baisse du pouvoir d'achat et des indices de développement classant la Mauritanie "au bas de l'échelle à tous les niveaux".
Avec AFP