Congo : "Il n'y a pas d'arrestations politiques", répond Brazzaville à Washington

Denis Sassou Nguesso, président réélu au Congo cumule plus de 32 ans au pouvoir

Le gouvernement de Brazzaville a affirmé vendredi qu'il n'y avait "pas d'arrestations politiques" au Congo, en réponse aux critiques américaines sur la situation dans ce pays depuis la présidentielle du 20 mars ayant permis la réélection de Denis Sassou Nguesso pour cinq ans.

"Il n'y a pas d'arrestation sans qu'il y ait un lien avec la sûreté de l'État. Il n'y a pas d'interpellations politiques", a déclaré à l'AFP le porte-parole du gouvernement congolais, Thierry Moungalla.

"M. Moungalla se trompe copieusement", a rétorqué Charles Zacharie Bowao, coordonnateur de l'IDC-Frocad, la principale plate-forme d'opposition à M. Sassou Nguesso, en citant les noms de quatre proches de candidats à la présidentielle soutenus pas cette coalition détenus pour certains depuis près de quinze jours.

"Les délais de la garde à vue sont largement dépassés", a ajouté M. Bowao à propos de Jean Ngouabi (arrêté le 24 mars), Anatole Limbongo Ngoka (arrêté le 27 mars), le colonel (en retraite) Marcel Mpika (arrêté le 31 mars), trois soutiens du général Jean-Marie Michel Mokoko (arrivé troisième à la présidentielle avec moins de 14% des suffrages), et de Mme Gaumelle Yirika, cadre du parti d'un autre candidat d'opposition, André Okombi Salissa. Selon ses proches, cette femme enceinte de 4 mois est détenue depuis le 31 mars pour délit d'opinion.

Le département d'État américain a déclaré jeudi que les États-Unis étaient "profondément déçus par le processus électoral présidentiel biaisé en République du Congo".

Pour Washington, "en plus de nombreuses irrégularités, une vague d'arrestations de sympathisants de l'opposition après les élections a entaché un vote au déroulement par ailleurs paisible".

Vendredi soir, M. Okombi Salissa a déclaré à l'AFP qu'il était "embastillé" à domicile par la police cernant sa résidence à Brazzaville "depuis dimanche". Selon un de ses proches, le général Mokoko était dans une situation identique.

Disant avoir du mal à donner un chiffre précis compte tenu des difficultés à communiquer à travers le pays, M. Bowao a estimé qu'"une quarantaine à une cinquantaine" de sympathisants ou de cadres de mouvements d'opposition avaient été arrêtés "sur l'ensemble du territoire national" depuis la présidentielle.

"Le gouvernement du Congo a pris acte de la déclaration de Washington. Nous notons que les États-Unis se disent déçus de l'élection. Mais il me paraît difficile de comprendre comment les gens qui n'ont pas observé peuvent juger de la crédibilité du processus", a déclaré M. Moungalla.

"Personne n'a remis en cause l'intégrité de ce processus", a assuré le porte-parole congolais, alors que les cinq candidats à la présidentielle soutenus par l'IDC-Frocad ont qualifié de "forfaiture" les résultats officiels - validés lundi par la Cour constitutionnelle - et donnant M. Sassou Nguesso vainqueur dès le premier tour avec plus de 60% des voix.

Avec AFP