Débat au Ghana: faut-il verser un salaire aux conjoints présidentiels?

La première dame du Ghana, Rebecca Akufo-Addo, avec Melania Trump, première dame des États-Unis à son arrivée à l'aéroport international de Kotoka à Accra, au Ghana, le 2 octobre 2018.

Au Ghana, une décision d'officialiser le paiement des salaires des conjoints du président et du vice-président suscite la polémique.

Le président Nana Akufo-Addo, au pouvoir depuis 2017, a mis en place un comité chargé d'examiner la question du versement d'une rémunération ou d'une indemnité aux conjoints des deux personnalités à la tête de l'exécutif ghanéen. Il a recommandé que les paiements soient arrimés aux salaires des ministres délégués et qu'ils soient rétroactifs pour couvrir la période allant de 2017 à nos jours.

Pour ceux qui soutiennent l'initiative, il s'agit d'une question d'équité, et ce pour deux raisons. Premièrement, arguent-ils, les conjoints du président et du vice-président représentent le pays à la fois localement et à l'international. Ensuite, avancent-ils, les conjoints devraient être indemnisés car ils sont tenus d'arrêter leurs diverses entreprises à but lucratif une fois que leur femme ou mari est élu.

Pour les Ghanéens opposés á cette proposition, il s'agit d'une nouvelle tentative de détournement des deniers publics par un gouvernement qui a promis de protéger les caisses de l'État.

Selon ces derniers, le président est suffisamment bien payé avec en prime la garantie qu'il continuera de percevoir une allocation même après avoir quitté ses fonctions et il n'est donc pas nécessaire que sa femme reçoive un paiement quelconque.

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Par ailleurs, ajoutent-ils, la Constitution ne prévoit pas de salaire pour les partenaires du président et du vice-président puisque ce sont leurs conjoints, et non eux, qui sont élus. Leur verser une quelconque rémunération est une aberration, concluent-ils.

Nous sommes en total désaccord avec la décision du gouvernement de payer les conjoints du président et du vice-président”, a déclaré David Kumi Addo, secrétaire exécutif du groupe de pression Care for Free and Fair Elections Ghana.

"La raison est simple: ceux pour qui nous avons voté et qui sont donc nos employés, c'est le président et le vice-président. Si par contre le président veut trouver un travail à son épouse, qu'il la nomme dans le gouvernement et alors tout le monde saura que la femme du président est aussi une employée de l'État", a-t-il ajouté lors d'un entretien avec Peter Clottey de la VOA.

Dans la presse locale, certains analystes ont relevé un problème d'ordre pratique: dans un pays démocratique comme le Ghana, si un polygame est élu président ou vice-président, serait-il judicieux de verser un salaire à toutes les épouses?

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