En ouverture à New York d'une conférence de donateurs pour cette région de l'est de l'Afrique (Ethiopie, Erythrée, Somalie, Djibouti, Kenya et Soudan), le secrétaire général des Nations unies a appelé solennellement "la communauté internationale à financer de manière urgente les programmes humanitaires pour 2023".
Le ton grave, dans un discours de soutien aux pays organisateurs de cette réunion (Italie, Qatar, Royaume-Uni, Etats-Unis), M. Guterres a jugé "inacceptable" qu'"à ce jour, seulement près de 20% (du fonds) soit financé".
Selon des chiffres publics des services financiers du Bureau de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), sur les sept milliards de dollars espérés pour 2023, 1,63 milliard de dollars (soit 23%) a pour l'instant été promis.
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"Sans une injection majeure et immédiate d'argent, les opérations d'urgence vont caler jusqu'à l'arrêt et des gens vont mourir", a mis en garde M. Guterres.
"Nous devons agir maintenant pour empêcher qu'une crise se transforme en catastrophe", a réclamé le chef de l'ONU, faisant valoir qu'en 2022 les pays donateurs pour la Corne de l'Afrique avaient permis de "livrer de l'aide d'urgence à 20 millions de personnes et contribuer à éviter une famine".
Rien que pour la Somalie, le secrétaire général a cité des chiffres de l'OMS et de l'Unicef selon lesquels "l'année dernière, la sécheresse a emporté 40.000 vies, dont la moitié étaient des enfants de moins de 5 ans".
Et dans ce pays de l'est de l'Afrique, depuis le début de 2023, plus d'un million de personnes ont été déplacées par les conflits armés, les inondations ou la sécheresse, aggravant les risques de famine, ont annoncé de leur côté à Nairobi l'agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et le Norwegian Refugee Council (NRC).
En Somalie, peuplée d'environ 17 millions d'habitants, plus de 3,8 millions sont des déplacés "venant aggraver une situation humanitaire déjà désastreuse où quelque 6,7 millions de personnes peinent à subvenir à leurs besoins alimentaires", ont insisté dans un communiqué les deux organisations humanitaires.
Plus d'un demi-million d'enfants souffrent de grave malnutrition, selon elles.
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De surcroît, a martelé à New York Antonio Guterres, les "populations de la Corne de l'Afrique payaient un prix insensé pour une crise climatique qu'elles n'ont en rien provoquée".
De fait, la sécheresse historique qui frappe la Grande Corne de l'Afrique est la conjonction inédite d'un manque de pluie et de fortes températures qui n'aurait pas pu se produire sans les émissions humaines de gaz à effet de serre, a démontré dans une étude publiée fin avril le World Weather Attribution (WWA), réseau mondial de scientifiques.
Depuis fin 2020, l'Ethiopie, l'Erythrée, la Somalie, Djibouti, le Kenya et le Soudan subissent leur pire sécheresse de ces 40 dernières années.
Cinq saisons d'affilée avec des pluies insuffisantes ont tué des millions de têtes de bétail et détruit les récoltes. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU, plus de 23 millions de personnes sont "en proie à une grave famine" dans les trois principaux pays de la région (Somalie, Kenya, Ethiopie).
Dans un autre discours à l'ONU consacré mercredi au "dialogue" avec l'Afrique, Antonio Guterres a encore insisté sur "le chaos climatique (qui) provoque des inondations et sécheresses meurtrières et contribue au risque de famine".
Justement, l'Islamic Relief Worldwide, organisation non-gouvernementale fondée au Royaume-Uni par des musulmans en lutte contre la famine en Afrique, a appelé les donateurs à New York à "muscler leur réponse 'honteuse' à la plus grosse crise mondiale de la faim".
D'autant, a rappelé l'ONG, que "la Somalie, l'Ethiopie et le Kenya ne produisent que 0,1% des émissions mondiales de carbone, alors que leurs populations paient le prix le plus élevé du changement climatique".