L'Afrique du Sud veut lancer le premier vaccin ARNm du continent africain

Un agent de santé prépare une dose du vaccin Pfizer contre le coronavirus à la clinique Orange Farm près de Johannesburg, en Afrique du Sud, le 25 mai 2021.

L'Afrique du Sud, qui milite pour un accès équitable aux vaccins anti-Covid, s'est lancée dans la conception d'un premier vaccin africain à ARN messager (ARNm), pour mettre fin à la dépendance du continent vis-à-vis des pays riches.

La technologie innovante de l'ARNm consiste à injecter dans l'organisme des brins d'instructions génétiques qui dictent aux cellules du patient ce qu'il faut fabriquer pour lutter contre la maladie. Le procédé est utilisée par les laboratoires américains Moderna et Pfizer-BioNTech pour leurs vaccins anti-Covid.

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Soutenue par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'entreprise sud-africaine de biotechnologie Afrigen, basée au Cap, mène un projet pilote qui fera appel à "l'ingénierie inverse" (qui consiste à rechercher les principes de conception d'un produit) pour reconstituer une formule proche du vaccin à ARNm de Moderna.

Les premières doses devraient être prêtes pour des essais cliniques d'ici un an, selon le directeur d'Afrigen, Petro Terreblanche. Des négociations sont en cours pour obtenir un contrat de licence avec le géant pharmaceutique américain pour la production.

La recherche et le développement dans les installations ultramodernes, qui ont coûté environ 7,5 millions d'euros, ont commencé il y a trois mois.

A ce jour, à peine 5% des Africains éligibles sont entièrement vaccinés. Largement à la traîne par rapport au reste du monde, l'Afrique est fortement dépendante des importations et des dons de doses par les pays riches.

"Un sosie"

"L'amère leçon que nous avons tirée de cette pandémie est que l'Afrique est presque entièrement dépendante" des vaccins produits en dehors du continent, a déclaré à l'AFP Richard Mihigo, coordinateur chargé des vaccins à l'OMS Afrique.

Le projet Afrigen vise à y mettre fin en développant localement un vaccin innovant, adapté aux conditions notamment climatiques en Afrique.

"Ce que nous recherchons, c'est un vaccin de deuxième génération", explique Martin Friede, coordinateur chargé des vaccins pour l'OMS à Genève.

"Nous devons commencer par un sosie de Moderna et nous en rapprocher le plus possible", poursuit-il. Mais l'idée est de mettre au point un vaccin "plus adaptée aux pays à faible revenu".

Alors que les vaccins à ARNm existants doivent être stockés à basse température, la formule d'Afrigen ne nécessitera idéalement que peu ou pas de réfrigération.

"L'Afrique doit devenir autonome dans la production de vaccins au cours des 20 prochaines années", estime M. Friede.

Une fois la formule mise au point, Afrigen prévoit de former d'autres pays africains à la fabrication du vaccin.

Le sud-africain Biovac, situé dans le même complexe qu'Afrigen, sera le premier à produire le nouveau vaccin à l'échelle commerciale.

Les brevets

Créée par l'Unitaid - organisation internationale d'achats de médicaments pour les pays pauvres - la Medicines Patent Pool (MPP), qui négocie des licences de traitements avec les titulaires de brevets, mène les pourparlers avec Moderna.

Avec un peu de chance, "nous pourrions obtenir un accord pour qu'ils ne fassent pas valoir leurs brevets", a déclaré le mois dernier Charles Gore, directeur de la MPP.

Les géants de l'industrie pharmaceutique ont jusqu'ici résisté aux pressions pour lever les brevets sur les vaccins anti-Covid. L'Afrique du Sud et l'Inde en tête ont milité pour une levée temporaire permettant aux pays en manque de doses de produire localement des génériques moins chers.

La semaine dernière, Moderna a annoncé son intention de construire une usine d'ARNm ultramoderne en Afrique, qui produira jusqu'à 500 millions de doses de vaccins par an. Pour l'instant, ni date ni lieu n'ont été précisés.

Le projet Afrigen est financé par l'initiative Covax de l'OMS, pour un accès équitable aux vaccins.

L'Afrique du Sud est officiellement le pays africain le plus touché par la pandémie, avec plus de 2,9 millions de cas et 88.300 décès.

Des doses du vaccin du laboratoire américain Johnson&Johnson sont conditionnées par le géant pharmaceutique Aspen à Gqeberha (est). Et un accord similaire a été passé entre les laboratoires américain Pfizer et sud-Africain Biovac au Cap.

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