Côte d'Ivoire: le président Ouattara gracie 3.100 prisonniers de la crise postélectorale

Alassane Ouattara. Photo d'archives. (AP Photo/Sevi Herve Gbekide)

Le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé avoir accordé des grâces à 3.100 détenus de la crise postélectorale, dans son traditionnel discours à la nation à la veille du Nouvel An.

Le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé avoir accordé des grâces à 3.100 détenus de la crise postélectorale, dans son traditionnel discours à la nation à la veille du Nouvel An.

"J'ai décidé d'user de mon droit de grâce en procédant à des remises totales et partielles de peines. Cette décision permettra à des milliers de détenus de recouvrer immédiatement la liberté et à d'autres de voir leur peine réduite ", a déclaré le président, réélu dès le premier tour en octobre pour un nouveau mandat de 5 ans.

Parmi les « graciés » figure Sébastien Dano Djedjé, ancien ministre proche de Laurent Gbagbo emprisonné pour avoir affiché son soutien à l'ex-président ivoirien poursuivi par la Cour pénale internationale.

Mais officiellement, il est poursuivi pour "discrédit sur une décision de justice, violence et voies de faits sur les forces de l'ordre, rébellion et atteinte à l'ordre public". Depuis jeudi dernier, il bénéficie d'une mesure de liberté provisoire après sept mois de détention.

Pour Alassane Ouattara, cette mesure de grâces devait concourir à la cohésion nationale. "J'invite tous mes concitoyens à saisir cette nouvelle opportunité en vue d'un rassemblement de la nation et de la consolidation de la paix", a clamé M. Ouattara.

Pendant la campagne, l'opposition, qui a sans cesse réclamé la libération des prisonniers politiques", a reproché à Ouattara de ne pas avoir réconcilié le pays et de mettre en œuvre une "justice des vainqueurs", qui ne s'intéresse qu'aux auteurs d'exactions du camp de l'ancien président Laurent Gbagbo mais pas à ceux de son propre camp.

Toutefois, aujourd’hui encore, cette mesure de grâce présidentielle ne semble pas satisfaire l’opposition. "On est particulièrement déçus, en utilisant l'article 45 (droit de grâce), ce sont les prisonniers de droit commun qui vont être graciés mais quant aux prisonniers politiques, cette grâce ne résout pas le problème", se plaint Séri Gouagnon, membre du parti de Gbagbo.

Néanmoins, d’après un décompte de la presse locale, 70 prisonniers politiques ont été libérés en 2015.

La présidente des femmes et famille de détenus d'opinion de Côte d'Ivoire (AFFDO-CI), Désirée Douati, a réagi différemment. "Le plus important c'est que ce que [le président Ouattara] a annoncé soit effectif", a-t-elle souhaité.

Le président ivoirien a aussi une nouvelle fois réitéré sa volonté d'organiser un référendum constitutionnel pour 2016 et promis de lutter contre la pauvreté et le chômage des jeunes.

Quant à l’ancien président Laurent Gbagbo, il est écroué depuis fin 2011 à La Haye, où il doit être jugé par la CPI pour des "crimes contre l'humanité" présumés commis lors de la crise postélectorale de 2010-2011. Son refus de reconnaître la victoire d'Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre 2010, la crise ivoirienne de 2010 avait fait plus de 3.000 morts en cinq mois de violences.

(Avec AFP)