Craintes d'expulsions massives aux USA après l'expiration d'un moratoire fédéral

Une coalition de groupes de défense du logement protestant contre les expulsions lors d'une conférence de presse devant le gouvernorat du Massachussetts, vendredi 30 juillet 2021, à Boston.

Un moratoire national sur les expulsions aux États-Unis expire samedi car les législateurs n'ont pas réussi à se mettre d'accord malgré des tractations de dernière minute au Congrès.

Plus de 3,6 millions d'Américains risquent d'être expulsés de leur logement, certains en l'espace de quelques jours. Pourtant, le gouvernement fédéral avait alloué une cagnotte de près de 47 milliards de dollars aux États pendant la pandémie, mais les aide tardent à arriver dans les mains des locataires et des propriétaires redevables.

La tension est montée d'un cran vendredi lorsqu'il est devenu évident qu'il n'y aurait pas de résolution en vue. Quelques heures avant l'expiration du moratoire, le président Joe Biden a appelé les gouvernements locaux à "prendre toutes les mesures possibles" pour débloquer immédiatement les fonds.

La première vague des expulsions pourrait commencer dès lundi.

De nombreux élus sont en colère à l'idée d'expulser des familles en plein milieu d'une pandémie galopante.

Le moratoire avait été mis en place pour empêcher la propagation du COVID-19 par les personnes mises à la rue ou dans les abris communautaires.

À la fin du mois de mars, 6,4 millions de ménages américains étaient en retard dans le paiement de leur loyer, selon le ministère du Logement et du développement urbain. Au 5 juillet, environ 3,6 millions de personnes aux États-Unis ont déclaré qu'elles risquaient d'être expulsées au cours des deux prochains mois, selon l'enquête sur les ménages du Bureau du recensement.

Dans certains endroits, il est probable que l'on assiste à des pics d'expulsions à partir de lundi, tandis que dans d'autres juridictions, on assistera à une augmentation des dépôts de dossiers auprès des tribunaux qui déboucheront sur des expulsions sur plusieurs mois.

M. Biden a déclaré jeudi que l'administration avait les mains liées car la Cour suprême avait indiqué que le moratoire ne pouvait être prolongé par décret seulement jusqu'à la fin du mois de juillet. Passé ce délai, une loi est nécessaire.

À la Maison Blanche, l'attachée de presse adjointe Karine Jean-Pierre a déclaré que l'administration soutenait l'effort du Congrès "pour prolonger le moratoire sur les expulsions afin de protéger ces locataires vulnérables et leurs familles".

L'administration Biden tente de maintenir les locataires dans leurs logements par d'autres moyens. Elle a débloqué plus de 1,5 milliard de dollars d'aide au loyer en juin, ce qui a aidé près de 300 000 ménages. Jeudi, M. Biden a demandé aux ministères du logement et du développement urbain, de l'agriculture et des anciens combattants de prolonger leur moratoire sur les expulsions pour les ménages vivant dans des maisons assurées par le gouvernement fédéral. Dans un communiqué publié vendredi, les agences ont annoncé la prolongation de l'interdiction des expulsions de ces types de logements jusqu'à la fin du mois de septembre.

Pour leur part, les propriétaires sont opposés au moratoire et l'ont contesté à plusieurs reprises devant les tribunaux.

La National Apartment Association et plusieurs autres organisations ont déposé cette semaine une plainte fédérale demandant 26 milliards de dollars de dommages et intérêts en raison de l'impact du moratoire sur les revenus des propriétaires de logement à louer.