Crise au Burundi : la cérémonie d'ouverture du dialogue annulée

Une femme tient le portrait de President Pierre Nkurunziza lors d'une marche politique, Bujumbura, 14 mai 2016.

Le gouvernement burundais dénonçant la présence dans la salle de figures de l'opposition et de la société civile.

Le gouvernement du président Pierre Nkurunziza a jusqu'à présent refusé de discuter avec ces responsables, qu'il accuse d'être derrière une tentative de putsch en mai 2015 et les violences actuelles.

"Jean Minani, (Pacifique) Nininahazwe et Armel Niyongere sont poursuivis par la justice et ne peuvent être conviés au dialogue", a justifié dans un tweet Willy Nyamitwe, responsable de la communication présidentielle et membre de la délégation du pouvoir.

M. Minani est le président du Cnared, la principale coalition opposition, dont le gouvernement ne veut pas entendre parler. MM. Nininahazwe et Niyongere sont deux des principales figures de la société civile à la tête du mouvement "Halte au 3e mandat", à l'origine des manifestations contre la candidature de M. Nkurunziza à un troisième mandat l'an dernier.

A Arusha, "le gouvernement du Burundi refuse de s'asseoir avec des putschistes présumés", a précisé dans un tweet Evelyne Butoyi, une sénatrice également membre de la délégation gouvernementale.

Organisés par l'ancien président tanzanien Benjamin Mkapa, nommé médiateur par la Communauté des États d'Afrique de l'Est (EAC), ces pourparlers doivent réunir pendant trois jours des représentants du gouvernement, des partis politiques, des confessions religieuses et de la société civile du Burundi.

Le Burundi est plongé depuis plus d'une année dans une profonde crise, née de la décision du président Nkurunziza de briguer un 3e mandat, qui a déjà fait plus de 500 morts et poussé plus de 270.000 burundais à l'exil.

L'envoyé spécial des Etats-Unis pour la région des Grands lacs, Tom Periello, s'est réjoui mardi du caractère "plus inclusif" de ces nouveaux pourparlers, en estimant que cela suscitait de "l'espoir".

"C'est le moment où la facilitation doit montrer son impartialité en montrant qu'elle n'est pas aux ordres de Bujumbura et qu'elle traite les parties sur un pied d'égalité", a réagi à l'AFP Pacifique Nininahazwe.

Contrairement au premier round des discussions du 21 au 24 mai à Arusha, où les opposants n'étaient qu'une poignée sur les quelque 90 invités, tous les groupes y sont représentés mardi.

Ainsi, les membres de la direction de la coalition d'opposition ont été invités à titre individuel et se trouvent à Arusha.

"Le facilitateur Mkapa espère maintenant passer à l'essentiel en rencontrant les différentes parties par groupes d'affinité", a expliqué à l'AFP un diplomate africain, sous couvert d'anonymat.

Selon son secrétaire particulier, Macacho Temblel, "l'objectif est la validation des questions à étudier, établir les priorités et un ordre du jour" des futures négociations.

Il s'agit notamment "du statut et de la mise en application de l'accord de paix d'Arusha, de la Constitution du Burundi, de la situation sécuritaire, de l'espace politique et démocratique".

"A la fin de ce round, jeudi, il n'y aura pas de plénière, mais juste un communiqué, avant que Mkapa n'aille rendre compte le 17 juillet aux chefs d'Etats de l'EAC à Kigali, en marge du sommet" de l'Union africaine, selon le même diplomate.

Le "plan de sortie" de crise au Burundi devrait être ensuite approuvé par le sommet de l'UA (16-18 juillet), ce qui le rendrait contraignant pour toutes les parties burundaises.

Avec AFP