La France a souhaité jeudi que le "dialogue national" proposé par le président Paul Biya pour mettre fin au conflit meurtrier dans les deux régions anglophones du Cameroun permette une "large concertation", respectant les "différentes sensibilités politiques".
"La France souhaite que ce dialogue, dont l'annonce est positive, permette une large concertation entre Camerounais et ouvre la voie à une résolution politique de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest", a déclaré la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
Paris "réitère sa condamnation du recours à toute forme de violence" et souligne son attachement au dialogue et à la libre expression des différentes sensibilités politiques", a ajouté Agnès von der Mühll.
Lire aussi : Crise séparatiste : Biya "convoque" un "grand dialogue national"La secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, a salué pour sa part "cette importante annonce qui ouvre la voie à une résolution consensuelle et pacifique de la crise en cours dans ces deux régions du Cameroun".
Elle encourage "toutes les parties prenantes camerounaises, y compris la diaspora, à s'impliquer de manière constructive dans ce dialogue", a ajouté l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dans un communiqué.
Le "dialogue national" décrété mardi par le président Biya est perçu comme un signe d'ouverture, qui a toutefois peu de chances d'aboutir si les leaders séparatistes en prison ou en exil en restent exclus, selon des experts.
Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, peuplées majoritairement par la minorité anglophone, l'armée affronte depuis deux ans des groupes armés militant pour la création d'un Etat indépendant. Les exactions de part et d'autre et les combats ont fait plus de 2.000 morts, selon le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG).
Paul Biya, au pouvoir depuis 36 ans, a convoqué mardi un "grand dialogue national" pour fin septembre, qui devrait rassembler des membres des mouvements politiques, de la société civile, des groupes religieux mais aussi des représentants des forces de sécurité et des groupes armés rebelles.
Cette annonce est intervenue trois semaines après la condamnation à la prison à vie d'un des principaux chefs séparatistes, Julius Ayuk Tabe, qui n'était pourtant pas perçu comme un fervent partisan de la lutte armée.
Les séparatistes ont généralement posé comme préalables à l'ouverture de toute discussion avec le pouvoir central la libération de tous les détenus de la crise anglophone et le retrait de l'armée.