Quelque 6.200 congressistes ont convergé vendredi vers la capitale pour choisir entre les deux candidats en lice: le banquier ivoiro-français Tidjane Thiam et le maire de la commune abidjanaise de Cocody, Jean-Marc Yacé. Ovationné à son arrivée vendredi, M. Thiam, ancien patron du Crédit Suisse, compte sur sa notoriété internationale et fait figure de favori, fort du soutien d'une cinquantaine de députés sur les 63 que compte le parti à l'Assemblée nationale.
Lire aussi : Côte d'Ivoire: la justice suspend le congrès du PDCIM. Yacé insiste de son côté sur sa stature d'élu local qui a battu campagne dans plusieurs localités. Quelle que soit l'issue du scrutin, le PDCI va rajeunir son image avec ce congrès. Tidjane Thiam et Jean-Marc Yacé ont respectivement 61 et 62 ans, ce qui est considéré comme jeune pour exercer de hautes fonctions politiques en Côte d'Ivoire.
"On nous a trop traité de parti de vieux. C'est positif de voir deux candidats jeunes, ça fait plaisir", se réjouit Ohoueu Assi, un congressiste venu de Guiglo dans l'ouest. "C'est très important d'avoir un président jeune pour insuffler une nouvelle dynamique au parti", abonde Cyprien Koffi, délégué de la station balnéaire de San Pedro (sud-ouest).
Démêlés juridiques
L'ancien dirigeant du PDCI, Henri Konan Bédié, président de la Côte d'Ivoire de 1993 à 1999, est mort en août à 89 ans et n'excluait pas de se présenter en 2025.
L'incertitude sur la tenue de ce congrès a plané toute la semaine. Initialement programmé samedi dernier à Abidjan, l'évènement a d'abord été suspendu à la dernière minute par la justice ivoirienne, saisie par deux militants qui dénonçaient des irrégularités dans la liste des congressistes. La décision pointait notamment des risques de "troubles à l'ordre public" pour justifier ce report et la police s'était déployée samedi matin pour empêcher d'accéder au lieu du congrès.
Le PDCI avait reprogrammé l'évènement à vendredi, cette fois dans la capitale Yamoussoukro, assurant que la question juridique avait été "évacuée". Mais les deux militants ont à nouveau saisi la justice, avant de finalement capituler jeudi et de retirer leur plainte, à l'issue d'une audience de plus de trois heures au tribunal d'Abidjan. Vendredi, des représentants d'autres formations politiques étaient également présents à Yamoussoukro, dont l'ancienne Première dame Simone Gbagbo et le ministre de l'Agriculture Kobenan Kouassi Adjoumani pour le parti au pouvoir.
A la tête de la Côte d'Ivoire sans discontinuer de 1960 à 1999, l'ancien parti unique, celui du père de l'indépendance Félix Houphouët Boigny, n'a plus accédé à la magistrature suprême depuis 24 ans lorsqu'un coup d'Etat avait chassé Henri Konan Bédié du pouvoir, un soir de Noël 1999.
Un temps allié d'Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, le PDCI a repris sa place dans l'opposition en 2018 et a boycotté la dernière présidentielle. "Il faut qu'il y ait le moins de casse possible. Au sortir des élections nous devons être unis pour se positionner pour 2025. Nous sommes à la croisée des chemins", espérait un cadre du parti, avant le report, la semaine dernière.