D'anciens ministres de Ben Ali bientôt jugés pour torture

L'ancien président tunisien Zine El Abidine Ben Ali à Rome, le 11 mai 2004.

L'instance chargée d'enquêter sur les violations des droits de l'Homme en Tunisie ces dernières décennies a annoncé vendredi avoir transmis à la justice ses deux premiers dossiers, visant 47 personnes dont d'anciens ministres du dictateur Zine el Abidine Ben Ali.

Instaurée en 2014 pour rendre justice aux victimes de torture, meurtres, viols, corruption, etc. entre 1953 et 2013, l'Instance Vérité et Dignité (IVD) a remis aux juridictions créées spécialement pour ces cas deux dossiers remontant à 1991.

Le cas transféré vendredi au tribunal spécialisé de Nabeul (nord) concerne Rachid Chammakhi, un prisonnier islamiste torturé à mort le 17 octobre 1991, sous le régime de Ben Ali, le président destitué par la rue en 2011.

"Trente-trois auteurs de violation grave contre l'humanité, dont des anciens ministres et des anciens hauts responsables dans les ministères de l'Intérieur, de la Justice et de la Santé, sont impliqués dans ce crime", a indiqué à la presse la présidente de l'IVD, Sihem Bensedrine.

L'IVD a transmis le 2 mars à la cour spécialisée de Gabès (sud) son premier dossier, qui concerne Kamel Matmati, un islamiste victime de disparition forcée en octobre 1991 à Gabès.

Le procès doit s'ouvrir le 29 mai au tribunal de première instance de la ville. Quatorze personnes, d'anciens hauts responsables de l'Etat et d'anciens ministres de Ben Ali sont poursuivis dans cette affaire, selon Mme Bensedrine.

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Lors des premières auditions publiques organisées par l'IVD en novembre 2016, Latifa Matmati avait raconté comment son mari avait été arrêté sur son lieu de travail, emprisonné et torturé avant de succomber. Elle n'avait appris son décès qu'après des années à le chercher désespérément d'une prison à l'autre.

Une enquête a été ouverte en 2012 et selon des témoignages, M. Matmati a été torturé à mort durant les premières 48 heures de son arrestation.

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Ces deux dossiers ont été transférés à la justice car l'IVD a collecté des "preuves tangibles", a souligné Mme Bensedrine.

Ces preuves "relèvent de documents soit manuscrits, soit signés de la main des plus hauts responsables de l'Etat, qui non seulement étaient informés des crimes mais y participaient", a-t-elle encore indiqué à l'AFP.

L'IVD, qui a prolongé son propre mandat de six mois jusqu'à décembre 2018, a été désavouée fin mars par un vote du Parlement, signe de la défiance chronique dont elle souffre malgré son rôle crucial dans la transition démocratique.

Avec AFP