"On était à la maison quand on a entendu un vacarme. On a pensé que la guerre avait éclaté", déclare à l'AFP Zeinab, une femme au foyer de 35 ans qui demande à être identifiée par son seul prénom. La frappe, dit cette habitante du quartier densément peuplé de la banlieue sud de Beyrouth, "est arrivée au moment où les gens étaient au travail. Mes enfants ont commencé à pleurer, je ne savais pas quoi faire: fuir ou rester?". Après avoir "rassemblé quelques vêtements", elle dit s'être finalement calmée et être restée chez elle.
- "Flammes et fumées" -
La frappe a fait 37 morts, selon un dernier bilan du ministère de la Santé libanais. Le ministre de la Santé, Firass Abiad, avait indiqué plus tôt que trois enfants et sept femmes figuraient parmi les morts et que 68 personnes avaient été blessées. Une source proche du Hezbollah a annoncé que la frappe avait visé une réunion, dans le sous-sol d'un immeuble, du commandement de la force d'élite du mouvement, l'unité Radwan, dont 16 membres ont été tués. Les forces de sécurité ont mis en place des barrière métalliques autour du secteur visé par la frappe.
Lire aussi : Liban: nouvelles explosions mortelles d'appareils de transmission du HezbollahPrès de deux bulldozers déblayant les montagnes de gravats, des secouristes de la défense civile vêtus de vestes oranges fouillent les décombres à main nue. Au sol, des morceaux de métal, issus de l'ossature de l'immeuble effondré, sont recouverts de sable et de poussière. Selon l'agence de presse officielle libanaise ANI, plusieurs personnes sont toujours portées disparues.
Près de la barrière métallique, des femmes sont assises à l'ombre d'un immeuble, dans l'attente de nouvelles sur leurs proches, selon un photographe de l'AFP. "Je n'étais pas dans la banlieue lorsque le bombardement a eu lieu (...) Tous nos amis et voisins du secteur (en) ont été victimes", dit l'une d'elles, refusant de donner son nom.
"J'étais chez moi lorsque j'ai entendu une explosion. Au début, j'ai pensé (qu'un avion avait franchi) le mur du son", l'aviation israélienne survolant régulièrement Beyrouth, témoigne un homme présent sur le site qui a requis l'anonymat. "Mais ensuite, j'ai vu de la fumée et des flammes, et j'ai immédiatement compris qu'il s'agissait d'un bombardement israélien", ajoute-t-il.
- "Toute la nuit" -
Dans ce fief du Hezbollah, des bâtiments proches ont aussi été touchés par la frappe, certains partiellement détruits, d'autres dont les vitres ont volé en éclats. Ali al-Haraké, responsable de la municipalité de Haret Hreik, dont dépend le quartier touché par le raid, a indiqué "qu'un immeuble est entièrement démoli, tandis qu'un autre a vu ses deux étages inférieurs détruits". "Un troisième est détruit à 30%, tandis que d'autres bâtiments ont été plus légèrement endommagés", a-t-il précisé à l'AFP.
"Les secouristes et les ambulanciers ont travaillé toute la nuit pour extraire les blessés et les victimes des décombres", a indiqué M. Abiad, précisant "qu'un immeuble résidentiel s'est effondré sur ses occupants", à la suite du raid. Parmi les combattants tués dans la frappe figurent Ibrahim Aqil, le chef d'al-Radwan, ainsi qu'un autre haut commandant de l'unité d'élite, Ahmed Mahmoud Wahbi, selon le Hezbollah. Ahmed Mahmoud Wahbi avait dirigé jusqu'au début de cette année les opérations militaires de Radwan en soutien au Hamas palestinien, en guerre contre Israël dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023.
Le chef militaire du Hezbollah, Fouad Chokr, avait été tué le 30 juillet dans la banlieue sud de Beyrouth dans une frappe similaire alors qu'en janvier une frappe attribuée à Israël avait tué le numéro deux du Hamas palestinien, Saleh al-Arouri.