Dans le sud de l'Angola, le climat et l'abandon affament des communautés entières

Mousaka Fernanda cultive un champ dans un village près de Lubango dans la province de Huila en Angola, le 15 février 2020. C'est l'une des régions frappée par la sécheresse qui a asséché la plupart des sources d'eau et dévasté les cultures dans le pays. (AFP/ Osvaldo Silva )

La pire sécheresse depuis 40 ans et la hausse des prix des denrées alimentaires ont entraîné une insécurité alimentaire aiguë dans les provinces de Cunene, Huila et Namibe, dans le sud-ouest de l'Angola.

Des millions de personnes "ne connaissent pas le goût du sel et de l'huile" et "survivent de fruits sauvages", a averti le 8 novembre un prêtre catholique.

"La pauvreté est évidente dans les communes de Lupiri, Longa et Baixo Longa, dans la municipalité de Cuito Cuanavale, et les populations locales ont recours aux fruits sauvages comme source de subsistance", indique le père Adriano Canjamba, cité par le Catholic Broadcaster of Angola.

"Ici la pauvreté est factuelle, on voit parfois dans les médias que le pays est solidaire, la vie se déroule dans les communes, bref, toute la littérature qu'on peut trouver, mais je dis que ce n'est que de la rhétorique, sinon de la démagogie", a précisé le prêtre.

Dans ces endroits "il y a même des gens qui ne connaissent pas le goût du sel, sans parler de l'huile, donc la seule ressource dont ils disposent est la terre”, a également fait savoir le curé de Cuito Cuanavale.

Causes de la famine

La forte insécurité alimentaire aiguë dans cette région peut être attribuée principalement aux effets récurrents de la sécheresse, qui a réduit la production agricole et animale, l'augmentation des prix des denrées alimentaires et l'invasion des criquets qui a touché certaines communautés.

Ces personnes sont "victimes à la fois des effets dévastateurs du changement climatique et de l’affectation de terres à l’élevage commercial de bétail", a précisé Deprose Muchena, directeur du programme Afrique de l’Est et Afrique australe à Amnesty International, qui tirait déjà la sonnette d'alarme dans un rapport publié en juillet.

Les récoltes ont été très mauvaises et ont sérieusement affecté l'accès de la population à l'alimentation dans cette région, fortement dépendante de l'agriculture.

Des niveaux élevés d'insécurité alimentaire aiguë sont présents dans toutes les municipalités. Cependant, les municipalités de Cahama, Curoca et Ombadjia (Cunene), Gambos (Huila) et Virei et Camuculo (Namibe) ont la plus forte prévalence avec plus de 60% du total population exposée à la faim entre juillet et septembre 2021, rapporte IPC, Angola Food Security and Nutrition.

Amnesty indique que la sécheresse détruit à toute vitesse des communautés traditionnelles qui peinaient déjà à survivre depuis qu’elles avaient été dépossédées de vastes espaces de pâturages.

L’organisation exhorte l’État angolais à reconnaitre “sa responsabilité dans cette situation désastreuse, [et] veille à ce que les populations concernées obtiennent réparation et prenne des mesures immédiates pour lutter contre l’insécurité alimentaire dans les zones rurales des provinces de Cunene et de Huíla”.

Le gouvernement angolais, de son côté, soutient avoir développé plusieurs actions, telles que la construction de projets structurants et la distribution d'eau et de nourriture à la population, afin de contrer le scénario actuel de sécheresse.

Le président angolais João Lourenço a créé, en septembre dernier, une "task force" pour lutter contre la sécheresse et la faim dans le sud du pays, coordonnée par la ministre d'État chargée du domaine social, Carolina Cerqueira.

Mais certaines communautés n’en voient pas l’impact.

Une analyse de l'IPC a révélé qu'entre juillet et septembre 2021, environ 1,32 million de personnes ont connu des niveaux élevés d'insécurité alimentaire aiguë.