Pour des millions d'Américains, un Noël dénaturé par une tempête hivernale

Un avion d'American Airlines est dégivré à l'aéroport international de Minneapolis-St. Paul, le 22 décembre 2022.

Dans les endroits les plus affectés, par exemple dans la ville de Buffalo, il n'y a pas de services d'urgence disponibles.

Le week-end de Noël est chamboulé pour des millions d'Américains qui affrontent une violente tempête hivernale, accompagnée de températures extrêmes, qui a rendu de nombreuses routes impraticables, provoqué l'annulation de milliers de vols et causé la mort d'au moins 17 personnes.

Environ 530.000 foyers étaient toujours privés de courant samedi vers 22H00 GMT (contre jusqu'à 1,5 million la veille), selon le site Poweroutage.us, notamment en Caroline du Nord et dans le Maine, où les températures étaient largement négatives.

Le Service météorologique national américain (NWS) a prévenu que le froid présentait un risque mortel et exhorté les Américains des régions touchées à rester à l'intérieur. Vendredi, à cause du vent, la température ressentie est descendue jusqu'à -48°C, selon la même source.

Depuis mercredi soir, le centre et l'est des Etats-Unis sont frappés par cette tempête d'une rare intensité, dont les vents polaires ont également provoqué d'importantes chutes de neige, notamment dans la région des Grands Lacs.

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La situation était particulièrement impressionnante autour de la ville de Buffalo, dans l'Etat de New York (nord-est). "Les vents sont tellement forts" que la neige forme comme des "dunes de sable", c'est "dingue", a décrit à l'AFP Ali Lawson, 34 ans, qui vit à Buffalo depuis huit ans. "Hier soir, on ne pouvait pas voir au-delà de notre porche", et les chasse-neige ne peuvent même pas sortir déblayer les routes, a-t-elle raconté, se félicitant d'avoir encore de l'électricité contrairement à certains autres habitants.

La veille, une interdiction de se déplacer avait été prononcée dans cette région. Mais des centaines de personnes se sont malgré tout retrouvées coincées dans leur véhicule, "dont des gens qui ont essayé de sortir tard hier soir", a déclaré samedi lors d'une conférence de presse Mark Poloncarz, responsable pour le comté d'Erie. La Garde nationale a été envoyée les secourir.

"Dans les endroits les plus affectés, il n'y a pas de services d'urgence disponibles, y compris dans la ville de Buffalo", a détaillé M. Poloncarz. Deux personnes sont mortes de problèmes médicaux faute d'avoir pu être secourues, a-t-il dit.

Au total, les autorités ont confirmé au moins 17 morts, à travers huit Etats, dues à la météo. Une partie de ces décès est survenue sur les routes, devenues très dangereuses, comme dans l'Ohio, où quatre personnes sont mortes dans des accidents liés à la tempête, a déclaré le gouverneur Mike DeWine.

Milliers de vols annulés

Outre les routes, les transports étaient très perturbés de façon générale, au moment même où des dizaines de millions d'Américains cherchaient à rejoindre leur famille pour les fêtes de fin d'année.

Plus de 5.500 vols ont été annulés vendredi, soit 20% du trafic aérien, a tweeté le ministre des Transports américain Pete Buttigieg. Plus de 2.800 vols ont de nouveau été annulés samedi et 6.600 autres retardés, selon le site spécialisé Flightaware.com. Mais "les perturbations les plus fortes sont derrière nous, et les compagnies et aéroports vont progressivement se remettre", a expliqué M. Buttigieg.

De nombreux voyageurs se retrouvaient ainsi à espérer un miracle de Noël sous la forme d'une place de dernière minute dans un avion ou un train. Zack Cuyler, 35 ans, est contraint de passer le réveillon avec des amis à New York, après deux annulations de son vol pour Houston cette semaine, où il devait retrouver sa famille.

Même s'il est "assez excédé", il devrait arriver à rejoindre ses proches en milieu de journée dimanche, le jour de Noël. "Ce dont je suis reconnaissant", a-t-il dit à l'AFP.

Refuges

Un peu partout dans les villes américaines, comme à Denver ou Chicago, des refuges ont été ouverts pour accueillir les personnes dans le besoin pour leur permettre de se réchauffer et les protéger des risques d'hypothermie.

En raison des températures très basses, la pression sur le réseau électrique était extrêmement forte. L'opérateur dans une dizaine d'Etats du Nord-Est américain, PJM, a appelé la population à réduire sa consommation toute la journée de samedi, afin d'éviter des coupures.

Certaines villes, notamment en Caroline du Nord, ont dû couper temporairement le courant à cause de la forte demande électrique, laissant des foyers sans chauffage. La tempête devrait perdurer tout le week-end, avant que les températures ne reviennent aux normales saisonnières d'ici le milieu de semaine prochaine, a précisé le NWS. D'ici là, "si vous devez voyager ou être dehors, préparez-vous à un froid extrême en portant plusieurs couches de vêtements, et en couvrant autant de peau que possible", a écrit samedi le NWS. "Par endroits, être dehors pourrait causer des engelures en quelques minutes."

Le Canada aussi était touché par la tempête: toutes les provinces ont sonné l'alerte météo.

Des centaines de milliers de personnes étaient sans électricité dans l'Ontario et au Québec, et les aéroports de Vancouver, Toronto et Montréal étaient affectés par des annulations de vols.

Depuis vendredi après-midi, la tempête est devenue une "bombe dépressionnaire": un puissant conflit entre deux masses d'air, une très froide en provenance de l'Arctique et l'autre tropicale venue du Golfe du Mexique.

Les bombes dépressionnaires peuvent produire de fortes pluies ou chutes de neige, des inondations côtières et des vents de la puissance d'un ouragan. Depuis Toronto, le météorologiste Kelsey McEwen a évoqué des vagues allant jusqu'à huit mètres sur le lac Erie. La météo américaine a signalé des vents de 120 km/h à Fairport Harbor (Ohio), au bord du lac.