Le butin était entreposé à Harare, la capitale, dans un immeuble en face de la banque centrale. Cette découverte le mois dernier n'est que la dernière d'une série d'arnaques dans ce pays à l'économie sinistrée qui survit grâce à la débrouille.
Le Zimbabwe a détecté son premier cas de contamination par le coronavirus en mars 2020. Trois mois plus tard, le ministre de la Santé, Obadiah Moyo, saute pour corruption.
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Une société étrangère a obtenu, de façon irrégulière, un contrat gouvernemental de plusieurs millions d'euros pour fournir équipements de protection et tests.
Le ministre est aussi accusé d'avoir exigé le paiement de 15.000 tests de dépistage qui devaient être conservés à l'aéroport: à l'inspection, le ministère des Finances découvre que seuls 3.700 kits ont été livrés.
En février, lors des premiers vaccins, des doutes sur la transparence de leur acquisition ont immédiatement fusé. Le gouvernement a mis de côté plus de 80 millions d'euros pour immuniser sa population de 14,5 millions d'habitants.
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"Autour de moi, les gens se sont rapidement inquiétés que des fonds publics soient pillés via la campagne de vaccination", confie à l'AFP le journaliste reconnu Hopewell Chin'ono, obsédé par la corruption, dont les enquêtes ont notamment contribué à faire tomber le ministre de la Santé.
Le mois dernier, à sa sortie d'un troisième séjour en prison pour des tweets ayant déplu au pouvoir, ce provocateur fait un tabac avec une vidéo sur un air de reggae. "Dem loot" (ils pillent), chansonnette improvisée listant les effets de la corruption d'Etat, devient virale.
500 pour papa, tonton...
Les fonds destinés à la pandémie sont des cibles faciles pour des fonctionnaires et responsables toujours plus cupides.
L'épidémiologiste en chef du gouvernement, Portia Manangazira, a récemment été arrêtée pour avoir enrôlé 28 membres de sa famille, dont son propre père, dans un programme de sensibilisation au coronavirus financé par l'organisme Africa CDC.
Cette formation de trois jours, prévue pour 800 soignants, a permis à chacun de ses proches de toucher l'équivalent de plus de 500 euros.
Un observatoire anti-corruption, nommé par le gouvernement, enquête sur une dizaine d'affaires liées à la pandémie, "principalement autour de soupçons sur l'acquisition de matériel", explique son porte-parole John Makamure.
"Des abus présumés de responsables publics, de la fraude et du vol de matériel de protection", liste-t-il, sans entrer dans le détail.
L'antenne zimbabwéenne de l'ONG Transparency International précise à l'AFP avoir été alertée l'an dernier de 1.400 cas de corruption dans la santé publique, la police et l'aide humanitaire liée à la pandémie.
Les soignants sont catastrophés par le manque de matériel censé les protéger, une disette attribuée, encore et toujours, à la corruption.
"La situation est démente", souffle Simbarashe Tafirenyika, président d'un syndicat d'infirmiers, alors que le coronavirus a tué plus de 1.500 Zimbabwéens sur près de 37.000 cas recensés, selon un chiffrage officiel vraisemblablement sous-évalué.
Le pic de la deuxième vague, en février, a cruellement exposé l'état désastreux des hôpitaux publics, déjà ravagés par vingt ans d'une crise économique sévère.
De nombreux Zimbabwéens se sont ainsi tournés vers les réseaux sociaux pour échanger des infos et trouver de la place dans un centre de soins.
Les cliniques privées ont été accusées de faire leur beurre de ce désespoir, en facturant des sommes exorbitantes, jusqu'à plus de 2.000 euros, à des familles aux abois, pour un respirateur.