Suite aux incidents notés de Cap-Skiring à Dakar, en passant par Tambacounda, Tivaouane, Thiès, Mbacké et la ville sainte de Touba, les autorités sénégalaises ont procédé à un allègement du confinement décrété pour contrer le coronavirus.
La contestation la plus importante a eu lieu à Touba et dans sa périphérie où le centre de traitement des épidémies qui accueille les malades du Covid-19 a été attaqué. La cité religieuse n'a pas été épargnée puisque de violentes manifestations ont eu lieu dans ses principales artères.
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Une situation anormale causée par les décisions de l'État dans la gestion du coronavirus. C'est la conviction de Djibril Sarr, responsable moral du Dahira Jawartulah, une association religieuse affiliée à Touba.
"A Touba, on a un statut spécial par rapport aux autres régions du Sénégal. Donc si on a quelque chose à revendiquer on doit aller vers le Khalife et lui faire part de notre mécontentement pour une situation bien déterminée", explique Djibril Sarr.
Il estime que tout est parti de la gestion de la crise sanitaire et dénonce "des mesures qui sont incohérentes par rapport à la situation actuelle du pays". L'incohérence de l'État est également mise en cause par les jeunes de la banlieue de Dakar, qui justifient leurs manifestations par des tâtonnements imputés aux autorités.
Thierno Thiombane affirme que le couvre-feu est une pure aberration. "On voulait montrer notre mécontentement parce qu'on ne peut pas concevoir que le matin à partir de 5 heures jusqu'à 21 heures nous sommes dans les rues et on dit qu'on va mettre un couvre-feu, c'est n'importe quoi", fulmine-t-il. Pour lui, il y a certes un virus et il faut des mesures sévères mais un "couvre-feu à partir de 21 heures, ça ne peut pas empêcher le virus de circuler".
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L'élan qui avait prévalu dans la gestion du Covid-19 a été cassé par plusieurs facteurs liés à la gestion des autorités, notamment les polémiques autour de la distribution des denrées, l'assouplissement des mesures et la rentrée ratée des classes d'examens.
Pour le sociologue Mory Fall, les décisions annoncées en amont et qui n'ont pas été respectées en aval sont la source de tous les problèmes. "Quand l'État dit qu'on va ouvrir les écoles et se rebiffe en catimini ou bien en dernière instance. Minuit on te dit que demain il n'y aura plus d'ouverture, le peuple va se dire simplement mais qu'est-ce qui se passe ? Est-ce exact que ce qu'on nous raconte, est-ce la vérité ?", questionne le sociologue.
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Il estime ces éléments sont les déclencheurs des révoltes un peu partout au Sénégal. Mory Fall ajoute par ailleurs que c'est la mauvaise communication de l'État qui est le "soubassement du soulèvement populaire" observé dans le pays. "Ça va aller crescendo parce que la population doute de son État. C'est ce qui est dangereux", avertit le sociologue.
Jeudi, le gouvernement a réagi, selon l'Agence sénégalaise de presse.
S'exprimant à travers le ministre de l'intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, l'État sénégalais a annoncé un assouplissement de l'état d'urgence sanitaire. Parmi les mesures prises: la levée de l'interdiction des transports interurbains et la réduction du couvre-feu, qui est désormais fixé entre 23 heures et 5 heures du matin.