De nombreux Africains candidats à de postes électifs aux États-Unis

Laetitia Hellerud, ancienne réfugiée originaire du Burundi, candidate au Sénat de l'État du Dakota du Nord.

Dans le Dakota du Nord, Laetitia Hellerud a décidé de se lancer dans la course au sénat de l’État. Elle a remporté la primaire du parti démocrate et devra affronter le républicain Mark Weber mardi.

Originaire de la province de Gitega, au Burundi, cette ancienne réfugiée a vécu dans plusieurs pays, y compris au Rwanda, au Burkina Faso et en France avant d'arriver aux États-Unis en 1998. C’est à Fargo, la ville la plus peuplée du Dakota du Nord, qu’elle a élu domicile.

Comme Mme Hellerud, cette année électorale de nombreuses personnes d'origine africaine, y compris des immigrants récents, ont présenté leur candidature à un certain nombre de postes à travers les États-Unis.

Certains sont des Américains naturalisés, d'autres sont des enfants d'immigrants. Et ils ont trouvé une oreille réceptive dans les deux grands partis du pays, républicain et démocrate.

Omar Fateh, originaire de Somalie, se présente aux élections du Sénat de l'État du Minnesota.

En effet, l'évolution démographique des États-Unis incite de plus en plus à présenter des candidats issus des minorités raciales - y compris les nouveaux Américains.

"C'est une priorité pour les deux partis, y compris le parti républicain, depuis longtemps", a déclaré Alex Conant, un stratège républicain basé à Washington qui a été attaché de presse du comité national de son parti en 2008.

Si l'on s'accorde à dire que les démocrates ont mieux réussi à promouvoir les minorités raciales et ethniques, les républicains ne sont pas en reste. Ils s'attèlent à "faire encore plus d'efforts à l'avenir", a déclaré M. Conant.

"Nous sommes un pays vaste et riche en diversité. Si vous voulez gagner les élections, il est utile d'avoir des candidats issus des communautés qui votent", a-t-il ajouté.

Juges, conseillers municipaux, sénateurs

La formation des candidats est aussi essentielle, explique Naquetta Ricks, qui fait partie d'une vingtaine d'Américains de première et de deuxième génération originaires d'Afrique qui briguent des postes électifs allant des conseils municipaux au Sénat américain, en passant par les juges.

Mme Ricks est candidate à un siège à la Chambre des représentants du Colorado. Elle a reçu des conseils de plusieurs organisations, dont New American Leaders, une entité non partisane, et Emerge, une organisation qui prépare les femmes à se présenter sous la bannière du parti démocrate.

Mme Ricks était encore une jeune fille lorsqu'elle et sa famille ont fui un violent coup d'état militaire au Liberia. Aujourd'hui propriétaire d'une petite entreprise, mère célibataire et immigrante, elle veut amplifier les voix de sa circonscription électorale, qui comprend la banlieue d'Aurora, à Denver.

"C'est une communauté très diverse", dit-elle. "Une personne sur cinq dira qu'elle vient d'un autre pays, que ce soit la Chine ou la Birmanie, l'Amérique du Sud ou l'Afrique... Nous venons de partout", assure-t-elle.

L'avocate d'origine nigériane Ngozi Akubuike se présente aux élections pour devenir juge dans l'État du Minnesota.

Les candidats qui sont relativement nouveaux aux États-Unis doivent surmonter des obstacles supplémentaires pour battre campagne.

"Il faut être capable de récolter beaucoup d'argent", a déclaré Alex Conant, le stratège républicain. "Et je pense que les immigrés de la première génération n'ont peut-être pas un réseau de donateurs comparable à celui de quelqu'un de plus établi", a-t-il ajouté.

Les candidats ayant des liens avec le continent africain peuvent s’appuyer sur la diaspora, dit Davisha Johnson, consultante en matière politique.

"L'une des grandes forces des Africains est qu'ils ont le soutien de leur communauté", dit-elle.

Pourtant, des obstacles importants demeurent.

La pandémie du nouveau coronavirus a réduit les possibilités de battre campagne pour tous les candidats, un défi surtout pour les nouveaux candidats qui tentent de se présenter pour la première fois aux électeurs.

Asamoa-Caesar, un éducateur né aux États-Unis de parents ghanéens, est le premier démocrate noir et ghanéen américain à être nommé dans sa circonscription. Celle-ci inclut la ville de Tulsa, dans l’Oklahoma.

Même pour ceux qui perdent, la première tentative permet aussi de tirer des enseignements.

"Toute personne qui envisage de se présenter devrait le faire", tranche Alex Conant. "La seule façon de s'améliorer en tant que candidat est de se présenter".

Article rédigé par Carol Guensburg. Traduit et adapté de l'anglais par VOA Afrique. Lire l'original >>