De Red Bull vers les "Reds", l'irrésistible ascension de Naby Keita

Naby Keita, joueur du RB Leipzig, le 10 septembre 2016.

Ralph Rangnick, le patron du RB Leipzig, l'a en travers de la gorge. Après avoir débusqué, formé puis élevé au statut de jeune star Naby Keita, il va voir le Guinéen partir pour Liverpool l'été prochain, inexorablement attiré par les millions de la Premier League.

Mercredi, Leipzig pourra encore compter sur Keita contre Besiktas, mais ce pourrait être son dernier match cette saison en Ligue des champions, car le RB n'a plus son destin entre les mains.

"Il est l'un des meilleurs joueurs avec lesquels j'ai travaillé en vingt ans de football professionnel", avoue Rangnick, directeur sportif du RB, "et j'aurais préféré le garder encore cinq ans, mais chez nous, il n'est simplement pas possible de payer des salaires supérieurs à dix millions d'euros".

Car à 22 ans, le jovial mais ambitieux milieu de terrain, qui évoluait encore en 2016 dans l'anonymat du championnat d'Autriche, est devenu en une saison le maître à jouer du club qui a bousculé la vénérable Bundesliga la saison dernière, en terminant deuxième derrière le Bayern Munich.

Inlassable piston du milieu de terrain, ce poids léger (1,72 m, 64 kg) est un récupérateur hargneux, intraitable dans les duels, mais se mue instantanément en meneur de jeu, voire en buteur, dès le ballon conquis.

Faux permis de conduire

Pour sa première saison en Bundesliga, il a marqué huit buts et délivré autant de passes décisives.

Manchester city, le Bayern Munich et Arsenal l'avaient à l'oeil depuis un moment. Mais Liverpool les a coiffés sur le fil, grâce à un accord inhabituel et risqué: le club de la Mersey s'est engagé en août 2017 à recruter Keita... en juillet 2018.

Avec les bonus, la transaction peut rapporter jusqu'à 70 millions d'euros à Leipzig, et elle est irréversible, quoi qu'il arrive à Keita entretemps.

Né en 1995 à Conakry, et recruté en Europe en 2013 par Istres, à l'époque en Ligue 2 française, le jeune homme semble n'avoir jamais douté de sa réussite: "Mes voeux sont d'avoir toujours la santé, de devenir le meilleur footballeur africain au monde et de jouer un jour pour Barcelone", disait-il en 2016, alors qu'il jouait encore au RB Salzbourg en Autriche.

Son début de saison a été un peu chaotique, avec trois exclusions en sept matches, sous les couleurs de Leipzig et de son pays, la Guinée. Et un souci avec l'administration --et la justice-- allemandes qui l'accusent d'avoir présenté un faux permis de conduire guinéen pour tenter d'obtenir un permis allemand. Il a fait appel d'une amende estimée à 415.000 euros.

Abat-jours cassés

Turbulent, il l'était déjà tout petit, et se faisait remarquer par sa propension à donner des coups de pied autour de lui. "J'ai toujours adoré aller au supermarché avec ma mère", raconte-t-il, "il y a avait beaucoup d'objets avec lesquels on pouvait jouer au foot. Malheureusement, il y a eu un jour des abat-jours, que j'ai cassés... Ma mère disait toujours qu'aller faire les courses avec moi revenait très cher !"

Arrivé à 18 ans au FC Istres, à l'origine pour intégrer le centre de formation, il s'est installé comme titulaire en équipe première dès le mois de novembre ! Et a été repéré par les recruteurs de Red Bull, sous la houlette de Rangnick, qui travaillait alors sur le double projet RB Salzbourg/RB Leipzig.

A Salzbourg, où il est arrivé pour 1,7 millions d'euros, il a découvert le goût de la victoire, avec deux doublés coupe/championnat d'Autriche consécutifs, en 2014/2015 et 2015/2016, et une couronne de meilleur joueur du championnat dès sa deuxième saison. Il avait tout juste 20 ans.

Devenu international guinéen, il a alors été transféré vers la "maison-mère" de Red Bull, à Leipzig, qui débarquait en Bundesliga sous les regards sceptiques des analystes. La suite est connue...

Avec AFP