De retour en campagne, Clinton veut stopper l'ascension de Trump

Donald Trump et Hillary Clinton (Archives)

Hillary Clinton a tenté jeudi lors de ses premiers déplacements depuis sa pneumonie de donner une raison positive aux électeurs de voter pour elle, attaquant un Donald Trump en pleine ascension dans les sondages.

Ovationnée par 1.500 partisans à Greensboro, en Caroline du Nord, la candidate démocrate à la Maison Blanche a ironisé sur son repos forcé de quatre jours. "A deux mois de l'élection, rester chez moi était la dernière chose que j'avais envie de faire", a-t-elle lancé.

Mais elle a exploité ce temps de réflexion pour prendre la mesure des enjeux de la campagne, a-t-elle assuré, et du danger posé selon elle par le milliardaire républicain, traité de "showman".

"Je finirai la campagne comme j'ai commencé ma carrière et comme j'assumerai la présidence, si j'en ai l'honneur: en aidant les enfants et les familles", a-t-elle déclaré.

"Nous proposons des idées, pas des insultes", a-t-elle dit.

D'une voix posée et ferme, Hillary Clinton a livré un discours relativement court, 23 minutes, passant seulement cinq minutes à serrer les mains de ses supporteurs à la fin, alors qu'elle a pu consacrer plus de 20 minutes à cet exercice dans le passé.

Elle a annoncé de nouveaux meetings la semaine prochaine, dans des Etats où Donald Trump a réduit voire annulé l'écart, dont la très cruciale Floride.

La candidate a aussi accordé une courte conférence de presse dans laquelle elle a défendu sa décision de ne pas informer vendredi dernier son colistier, Tim Kaine, qu'elle avait une pneumonie.

"Beaucoup de gens continuent de travailler en étant malades, c'est ce que je pensais faire, je ne voulais pas m'arrêter", a-t-elle martelé.

La toux qui la poursuivait a disparu, mais sa gorge s'est trouvée enrouée lors de brefs instants.

Après une pause à sa résidence de Washington, elle a profité d'un discours devant une organisation politique hispanique pour dénoncer "l'intolérance et la haine" et les "mensonges racistes" de Donald Trump.

Le refus renouvelé du magnat de reconnaître que Barack Obama est bien né aux Etats-Unis, lors d'une interview peu auparavant au Washington Post, a apporté de l'eau à son moulin.

"Cet homme veut être notre président? Quand allons-nous stopper ces horreurs, ce sectarisme?", a-t-elle demandé, levant la voix. "Il a essayé de remettre les compteurs à zéro de nombreuses fois. C'est tout ce dont il est capable. Il n'a pas changé".

- Déficit d'ardeur -

L'enjeu des prochaines semaines est de mobiliser à nouveau l'électorat de gauche et les jeunes, car les quelque six points d'avance de la mi-août ont quasiment disparu dans les sondages.

Elle fait jeu égal avec Donald Trump au niveau national dans une étude CBS/New York Times. Etat par Etat, selon le système de scrutin indirect, la situation reste plus favorable à la démocrate. Mais il lui faut stopper l'hémorragie.

L'incident médical l'a forcée à annuler une tournée dans l'ouest du pays et à publier un nouveau bulletin de santé, mercredi. Selon son médecin, l'ancienne secrétaire d'Etat de bientôt 69 ans est apte à assumer la fonction présidentielle, en excellente santé.

Jeudi, c'était au tour de Donald Trump de publier les résultats de son examen médical. Bilan: le milliardaire de 70 ans est lui aussi en "excellente santé". Son cholestérol est sous contrôle mais il est en surpoids, pesant 107 kilos pour 1,90 m. Hillary Clinton n'a pas divulgué son poids.

Donald Trump a ouvertement remis en cause le niveau d'énergie de la candidate, y compris depuis son malaise.

Politiquement, Hillary Clinton doit surtout faire oublier sa gaffe sur les électeurs "pitoyables" de Donald Trump. C'est ainsi qu'elle a qualifié la moitié des partisans de son adversaire vendredi dernier, déclenchant un tollé à droite.

Jeudi, elle a attaqué Donald Trump pour avoir affirmé qu'une femme pasteur qui l'avait interrompu la veille à Flint (Michigan) avait perdu ses nerfs. "Insultant", a-t-elle dénoncé.

Mais face à ces escarmouches, les électeurs ne semblent guère enthousiastes. Selon le sondage New York Times, 64% des Américains trouvent le choix Trump "risqué". Et la moitié d'entre eux ont la même opinion de l'ancienne chef de la diplomatie.

Avec AFP