Débat sur l'avortement dans le pays du pape François

Manifestation pro-IVG en Argentine, le 19 février 2018.

Les parlementaires entament un débat sur la dépénalisation de l'avortement en Argentine, une question sensible dans ce pays conservateur qui n'a légalisé le divorce qu'en 1987.

Samedi, le pape est monté au créneau. Dans une lettre, il a appelé "les Argentins à apporter leur contribution à la défense de la vie et de la justice".

Des parlementaires des principaux partis politiques portent une proposition de loi visant à permettre l'IVG pendant les 14 premières semaines de la grossesse.

L'opinion publique y est favorable dans ce pays de 42 millions d'habitants. Dimanche, un sondage commandé par Amnesty International à l'institut Cedes a révélé que 59% des Argentins sont favorables à cette proposition de loi visant à légaliser l'IVG.

En outre, 70% des personnes interrogées jugent important qu'il y ait un débat au parlement.

A titre personnel, le président argentin de centre droit Mauricio Macri s'est déclaré opposé à l'avortement mais il encourage les parlementaires à débattre.

"Cela fait 35 ans que nous reportons ce débat très sensible que notre société doit avoir (...) Il est bon que le Congrès l'inclue à son ordre du jour cette année, j'espère que toutes les voix seront écoutées et que toutes les positions seront prises en compte", a déclaré Mauricio Macri à l'ouverture de la session parlementaire 2018.

La légalisation de l'avortement s'est jusqu'ici heurtée à l'influence de l'Eglise.

Dans le reste de l'Amérique latine, Cuba, l'Uruguay et la ville de Mexico ont légiféré en faveur de l'avortement.

Conservatrice en matière de divorce et d'avortement, l'Argentine est en revanche à l'avant-garde pour le droit des homosexuels, des travestis et des transsexuels.

Chaque année, on recense dans ce pays où l'interruption volontaire de grossesse (IVG) n'est légale qu'en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère, plus de 100.000 grossesses chez des femmes de moins de 19 ans et 70% ne sont pas désirées.

Malgré l'interdiction, les autorités considèrent que 500.000 Argentines avortent clandestinement chaque année, la plupart du temps dans de mauvaises conditions sanitaires. Celles qui en ont les moyens peuvent recourir en toute sécurité à un avortement clandestin dans une clinique privée.

Mardi soir, une centaine de députés se réunissent en commission dans un premier temps, pour examiner la proposition de loi. Pour être adopté, le texte devra ensuite être voté en session plénière par la Chambre des députés (257 sièges), puis au Sénat (72), considéré plus conservateur.

La députée de la majorité de centre droit Elisa Carrió a demandé le report de l'examen du texte, à l'approche de la fête catholique de Pâques, "un moment sacré pour de nombreux Argentins".

Avec AFP