Débat sur l'interdiction faite aux policiers d'épouser un étranger en Zambie

Des officiers armés gardent un bureau de comptage pendant l'élection présidentielle à Lusaka, Zambie, le 21 janvier 2015.

Le chef de la police zambienne a créé un vif émoi parmi ses troupes en interdisant à tous ses fonctionnaires de se marier avec un étranger pour des raisons de "sécurité", une mesure aussitôt jugée "discriminatoire".

L'ordre de l'inspecteur général Kakoma Kanganja est tombé le 11 janvier sous la forme d'une circulaire sans équivoque.

"Soyez informés que le haut-commandement de la police a décidé qu'aucun policier ne doit épouser un étranger", indique le document, largement diffusé par les médias zambiens.

"En conséquence, ceux déjà mariés avec des étrangers doivent déclarer leur conjoint étranger à l'inspecteur général de la police dans un délai d'une semaine, faute de quoi ils feront l'objet d'une sanction disciplinaire", ajoute la note.

Les craintes de la hiérarchie sécuritaire zambienne face à d'éventuelles fuites d'informations sensibles sur l'oreiller ne sont pas nouvelles. L'interdiction imposée aux policiers, comme aux militaires, de convoler avec un étranger est d'ailleurs gravée dans la loi depuis de nombreuses années.

Mais, aux dires mêmes des chefs de la police, elle était de moins en moins respectée, d'où le récent rappel à l'ordre.

"Ce qui nous a motivés (...) c'est que nous avons réalisé que certains de nos policiers violent la loi", a expliqué à l'AFP une porte-parole de la police, Ester Katongo. "Ils savent pertinemment qu'une loi leur interdit d'épouser des étrangers".

Mme Katongo n'a pas révélé l'importance du phénomène mais est restée inflexible sur la menace, sans en préciser la nature.

"Les questions de sécurité sont délicates et nous ne pouvons pas laisser les hommes en uniforme se marier avec des femmes de pays étrangers", a-t-elle simplement soulignée.

La Commission des droits de l'Homme s'est saisie du dossier et a réclamé l'annulation de la loi.

"Cette mesure révèle un préjugé (contre les étrangers) et est discriminatoire", a déclaré à l'AFP la porte-parole de cet organe gouvernemental, Mwelwa Muleya.

"Nous espérons que la police va revenir sur sa mesure. Elle a pu être utile à un certain moment mais ce n'est plus le cas", a poursuivi Mme Muleya, la qualifiant de "peu compatible avec le respect des droits de l'Homme".

Ancienne colonie britannique, la Zambie a obtenu son indépendance en 1964. Elle a soutenu plusieurs rébellions chez ses voisins et servi de base arrière au mouvement anti-apartheid en Afrique du Sud.

Avec AFP