Muté de Russie à New York en décembre, Bernard Tanoh-Boutchoue, était très marqué psychologiquement depuis fin mars après un rappel pour consultations par son gouvernement, selon une source proche du diplomate.
A l'époque, suivant les directives de sa capitale, il s'était abstenu lors d'un vote sur la Syrie, provoquant l'ire d'autres membres du Conseil de sécurité. De retour à New York, son état s'était dégradé et il était hospitalisé depuis peu, a-t-on précisé de même source.
La raison précise de son décès n'a pas été communiquée.
Le Conseil de sécurité a observé jeudi matin une minute de silence à sa mémoire, au début de ses travaux. "Nous avons perdu un grand diplomate" et "les mots nous manquent", a souligné le président en exercice du Conseil de sécurité, l'ambassadeur péruvien Gustavo Meza-Cuadra, en évoquant une instance "consternée et attristée".
"C'était quelqu'un d'honnête, franc, et c'est une grande perte dans une période où des gens comme lui sont si nécessaires", a déclaré à l'AFP l'ambassadeur éthiopien, Tekeda Alemu, en disant "avoir personnellement le coeur brisé". Interrogé pour savoir si les ambassadeurs du Conseil de sécurité subissaient trop de pressions, le diplomate s'est refusé à répondre.
Devant le Conseil de sécurité, Tekeda Alemu a indiqué que "depuis trois semaines", Bernard Tanoh-Boutchoue s'était livré "à une grande introspection inhabituelle".
"Rire contagieux"
"Nous sommes désolés", a dit de son côté l'ambassadrice britannique, Karen Pierce. "C'était un collègue bon et honnête", a-t-elle ajouté. Devant le Conseil, son homologue chinois, Ma Zhaoxu, a parlé d'un "décès tragique", en évoquant comme l'ambassadrice américaine Nikki Haley "un ami". "Son rire était contagieux", a-t-elle dit.
L'ambassadeur français François Delattre a exprimé à l'AFP sa "très grande tristesse pour la perte d'un collègue et d'un ami à l'inépuisable gentillesse". "L'ONU perd un grand professionnel, la Côte d'Ivoire un magnifique représentant, et la France un ami", a-t-il ajouté.
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Le décès de l'ambassadeur ivoirien est survenu deux jours avant une "retraite" annuelle et informelle du Conseil de sécurité qui doit se dérouler cette année en Suède. Cette rencontre doit permettre aux ambassadeurs d'améliorer leurs pratiques et de tenter de retrouver un peu d'unité et de crédibilité alors qu'ils se sont passablement écharpés au cours des derniers mois sur de multiples dossiers, de la Syrie à l'affaire d'empoisonnement de l'ex-espion Sergueï Skripal et de sa fille en Angleterre.
D'une grande courtoisie et d'une grande élégance, tranchant avec les tenues vestimentaires de ses homologues masculins en portant toujours un noeud papillon, Bernard Tanoh-Boutchoue était spécialiste des pays de l'ex-Union soviétique.
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Avant l'ONU, il était à Moscou depuis 2011. En 2012, il avait été chargé par les autorités ivoiriennes de représenter également son pays auprès de l'Azerbaïdjan, du Bélarus, de la Géorgie, de la Lettonie et de l'Ukraine. En 2016, y avaient été ajoutés l'Arménie, le Kirghizistan, le Kazakhstan et le Tadjikistan.
Au cours de sa carrière, Bernard Tanoh-Boutchoue avait aussi été ambassadeur en Egypte, avec également la charge du Soudan après avoir occupé différents postes dans son pays et déjà également à l'ONU.
Né le 17 juillet 1950, il était marié et avait trois enfants.
Avec AFP