Un cadre chinois sanctionné pour ne pas avoir fumé devant des imams

Deux ex-détenus ouïghours de Guantanamo après leur arrivée à Tirana, Albanie, en 2006.

Un cadre du Parti communiste chinois (PCC) a été sanctionné pour s'être abstenu de fumer devant des responsables religieux musulmans, signe selon sa hiérarchie de sa faiblesse face à "l'extrémisme", rapporte mardi la presse locale.

Jelil Matniyaz, chef du PCC dans un village de la région autonome du Xinjiang (nord-ouest), a été rétrogradé pour "la faiblesse de ses positions politiques (...) et parce qu'il a eu peur de fumer devant des responsables religieux", ont annoncé les autorités locales dans un avis publié en ligne par le Quotidien de Hotan.

M. Matniyaz, un membre de l'ethnie musulmane ouïghoure qui occupait le rang de "haut fonctionnaire" dans l'appareil du parti, se trouve ainsi ramené au statut de simple "fonctionnaire", précise l'avis.

"Le fait que des cadres osent ou non fumer devant des responsables religieux reflète la force de leur engagement envers la laïcité", a expliqué un dirigeant local non identifié, cité mardi par le quotidien Global Times.

"Fumer reste un choix individuel et les religieux comme le reste de la population doivent se respecter mutuellement, mais cette façon de ne pas fumer va dans le sens de l'extrémisme religieux au Xinjiang", a ajouté ce responsable de la commune de Hotan, dont dépend le village.

Le Xinjiang est en proie à des tensions entre la communauté ouïghoure et les Hans, l'ethnie majoritaire en Chine. Des attentats commis ces dernières années ont été mis par Pékin au compte d'indépendantistes ouïghours, ces derniers accusant de leur côté le régime chinois de suivre une politique défavorable à leur communauté.

Fin mars, l'assemblée régionale a adopté un texte renforçant la réglementation sur le port de signes religieux, au nom du combat contre "le fanatisme". Aux termes de ce texte, le port d'un voile intégral ou d'une barbe "anormale" est désormais prohibé au Xinjiang.

Avec AFP