Depuis le Nigeria, Blinken plaide pour la relance de la lutte contre le VIH

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken (R) s'adresse aux journalistes lors de sa visite à la clinique de l'Institut nigérian de recherche médicale (NIMR) à Lagos, le 24 janvier 2024. (Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / POOL / AFP)

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a appelé mercredi le Congrès à dépasser ses divisions et à reconduire le programme américain d'aide à la lutte mondiale contre le VIH/sida (Pepfar), mis en place il y a deux décennies.

A Lagos, la capitale économique du Nigeria, Antony Blinken a rencontré des médecins de l'Institut nigérian de recherche médicale, qui est en première ligne dans la lutte contre le sida dans le pays le plus peuplé d'Afrique.

L'institut a bénéficié du soutien de l'Etat américain à travers le Plan présidentiel d'urgence pour la lutte contre le sida (Pepfar). Cet investissement massif dans les traitements anti-sida, lancé en 2003 pour 20 ans, a permis de sauver 25 millions de vies, principalement en Afrique, selon les responsables américains. Pour M. Blinken, le travail de l'institut nigérian, qui aide également d'autres pays africains, montre l'importance de la prolongation du Pepfar "rapidement".

"Il s'agit littéralement de sauver plus de vies, de changer plus de vies, de s'attaquer une fois pour toutes au VIH/sida", a déclaré M. Blinken aux journalistes à l'extérieur de la clinique. Le secrétaire d'Etat américain, qui a également été informé du travail de l'institut contre le Covid-19, a indiqué que le Pepfar contribue à "renforcer les systèmes de santé publique, de sorte que lorsque la prochaine épidémie surviendra - et elle surviendra - nous et les pays du monde entier seront en bien meilleure position pour y faire face de manière rapide et efficace".

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"Les enjeux sont réels. Ils ne pourraient pas être plus élevés", a-t-il ajouté. L'ancien président républicain George W. Bush considère le Pepfar comme l'une de ses plus grandes réalisations. Le programme a bénéficié jusqu'à récemment d'un soutien quasi-unanime au Congrès américain. Mais sa prolongation pour cinq ans n'a pas été approuvée en raison de profondes dissensions liées au débat sur l'avortement aux Etats-Unis.

Alors que la législation américaine bannit le financement public d'organisations proposant une aide à l'avortement, et que la Cour suprême a abrogé le droit constitutionnel à l'avortement en 2022, les républicains veulent interdire toute aide aux groupes de conseil en matière de santé reproductive, craignant qu'ils ne fassent la promotion de l'avortement.

Les démocrates du président Joe Biden refusent d'envisager de telles restrictions, qui impliquent également une relance du Pepfar pour une durée plus courte, et les discussions sont actuellement dans l'impasse.

Sans reconduction du Congrès, le Pepfar ne s'arrêtera toutefois pas immédiatement en raison de financements toujours en cours. Mais, plaident les défenseurs du plan, les acteurs de santé publique et les autres bailleurs de fonds ont besoin d'assurances sur l'engagement à long terme des Etats-Unis dans ce domaine.