La dépouille du Premier ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly était arrivée à Korhogo après un hommage à Abidjan de son parti, dont il était le candidat pour l'élection présidentielle d'octobre.
Juché sur un command-car, enveloppé d'un drapeau ivoirien, le cercueil du "lion de Korhogo", arrivé par avion vers 18H00 (locales et GMT) dans la grande cité du nord ivoirien, a été présenté à la population lors d'une procession à travers les rues de la ville, où il sera inhumé vendredi après une série de cérémonies, au terme d'une semaine de deuil national.
Lire aussi : 10.000 militants rendent un dernier hommage au Premier ministre ivoirienDes centaines de jeunes à moto ont investi le cortège officiel, klaxon bloqué, d'autres couraient en criant. Des milliers de Korhogolais réunis sur le parcours acclamaient leur héros décédé brusquement le 8 juillet d'une crise cardiaque à 61 ans, moins d'une semaine après son retour d'un séjour de deux mois en France pour tenter de soigner ses problèmes cardiaques. Il avait été greffé du coeur en 2012.
"C'est notre papa qui est décédé, ça nous fait mal", a confié à l'AFP Djenaba Fofana, vendeuse de tissus de Waraniéné, commune voisine de Korhogo réputée pour ses tissages.
"Il a fait beaucoup pour Korhogo et sa région: des routes, des écoles, des dispensaires... Nous étions prêts à le porter à la tête du pays", regrette Flatian Soro, adjoint au maire de Napié (commune voisine), parmi des chefs traditionnels senoufo (le peuple majoritaire dans la région) en tenue traditionnelle de cotonnade tissée à rayures bleues avec calotte assortie.
Lire aussi : Les Ivoiriens rendent hommage à leur Premier ministre décédéNatif de Korhogo, Amadou Gon Coulibaly a été longtemps député et maire de la ville, qu'un de ses ancêtres a fondée.
"Maintenant on est vraiment inquiets pour l'avenir" de la région, "qui va prendre la relève?" témoigne Yoé Dofra, un mécanicien.
- 'Je t'aime moi aussi' -
Mercredi matin, quelque 10.000 militants du parti au pouvoir, dont le président Alassane Ouattara, s'étaient rassemblés au palais des sports d'Abidjan pour rendre hommage au Premier ministre décédé.
La plupart des militants du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) étaient vêtus en blanc, portant des T-shirts à l'effigie du "Lion" ou de "AGC".
Lire aussi : Le Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly est mortLe président Ouattara, qui s'est exprimé publiquement pour la première fois depuis le décès de son "fils", n'est pas entré sur le champ politique : "Après la douleur, je ne pouvais pas ne pas prendre la parole (...) Amadou je t'aime moi aussi", a-t-il dit, répondant ainsi au "Je vous aime" public du Premier ministre à son retour de France le 2 juillet.
"On a perdu un grand homme, Je suis là pour lui rendre hommage pour la dernière fois, lui dire merci pour tout ce qu'il fait pour nous. Cela aurait été un grand président", a affirmé Safiyatou Sanan, étudiante de 25 ans.
Amadou Gon Coulibaly avait été désigné en mars comme son dauphin par M. Ouattara, qui avait renoncé à un troisième mandat. Il partait comme un des grands favoris de la présidentielle du 31 octobre.
Lire aussi : Le Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly est mortFatoumata Fofana, étudiante, se disait "triste" mais évoquait déjà un troisième mandat du président Ouattara: "Nous allons conserver l’héritage (de Gon Coulibaly). Ce n'était pas le moment (de mourir), il pouvait maintenir le cap. Il n'y pas de remplaçant... Peut être Alassane (Ouattara), c'est un homme de parole. On ne sait pas s'il va accepter de se présenter à nouveau, si on insiste peut être.. On préfère que ce soit lui, quand on regarde, on ne voit pas (qui d'autre)".