Antisémitisme : des campus américains éclaboussés par la polémique

Elizabeth Magill, la présidente démissionnaire de l’université de Pennsylvanie.

La présidente de l’université de Pennsylvanie, Elizabeth Magill, a démissionné samedi 9 décembre 2023, quatre jours après une audition controversée au Congrès avec ses pairs Claudine Gay de Harvard et Sally Kornbluth du Massachusetts Institute of Technology.

"Une de moins. Il en reste deux". Le message publié par la représentante républicaine de l’État de New York, Elise Stefanik, sur X (ex-Twitter) samedi 9 décembre 2023, tonnait comme un satisfecit. Il faut dire que quelques heures plus tôt, elle apprenait la nouvelle de la démission d’Elizabeth Magill, la présidente de l’université de Pennsylvanie (UPenn).

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Les combats dans la bande de Gaza se poursuivent

Cette juriste de formation a dû en effet rendre le tablier le même jour, soit moins de 18 mois après son arrivée à la tête de la prestigieuse université en juillet 2022. La conséquence d’une polémique née mardi 5 décembre 2023 au Congrès.

Appelées à s’expliquer à propos des remous suscités sur leur campus respectif dans la foulée de l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier, Elizabeth Magill ainsi que ses homologues Claudine Gay de l’université Harvard et Sally Kornbluth du Massachusetts Institute of Technology (MIT), ont provoqué le tollé.

Unanime condamnation

À la question de savoir si oui ou non "l’appel au génocide des juifs viole leur code de conduite" ou leurs règles concernant l’intimidation ou le harcèlement, Elizabeth Magill et Claudine Gay se sont d’abord murées dans un bref silence, avant de répondre successivement "cela dépend du contexte".

Quelques instants plus tôt, Sally Kornbluth soumise à la même question, déclarait après plusieurs relances, que de tels appels "feraient l’objet d’une enquête pour harcèlement s’ils étaient omniprésents et graves", tout en mentionnant également le "contexte".

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"Cela ne dépend pas du contexte. La réponse est oui, et c’est pourquoi vous devriez démissionner. Ce sont des réponses inacceptables", a asséné la Républicaine Elise Stefanik, auteure de la question. Désavouées par la Maison Blanche et critiquées à la fois par des élus républicains et démocrates, les présidentes d’université ont par la suite tenté de limiter les dégâts en cherchant à clarifier leur réponse.

Polémique nationale

"Le droit à la liberté d’expression ne s’étend pas au harcèlement, à la discrimination ou à l’incitation à la violence dans notre communauté", a fait savoir Sally Kornbluth dans un communiqué dès le lendemain de l’audition au Congrès. La même clarification a été faite par sa collègue de Harvard.

Sans grande incidence toutefois, puisque les appels à leur démission ont continué de fuser, avec notamment l’interpellation des conseils de leurs universités par plus de 70 élus de tous bords, dans une lettre de protestation.

Une enquête sur ce que les auteurs qualifient "d’antisémitisme endémique" dans les trois campus a par ailleurs été lancée par un comité de la Chambre des représentants, jeudi 7 décembre 2023. La polémique prend une ampleur nationale alors que le peuple américain est tiraillé par la guerre Israël-Hamas.

Près de la moitié des Américains (48%) se disent ainsi extrêmement ou très inquiets de la possibilité d’une augmentation de la violence contre les Juifs aux États-Unis, selon une enquête publiée par le Pew Research, vendredi 8 décembre 2023.