Du Sénégal au Soudan, en passant par le Niger, le Burkina, et le nord du Cameroun, des intempéries mortelles affectent plus de 760 000 personnes, avec des centaines de morts.
Dans plusieurs localités, les eaux stagnantes augmentent aussi le risque de maladies mortelles telles que le paludisme, Zika et Chikungunya.
Sénégal: le gouvernement critiqué
Les autorités sénégalaises faisaient l'objet de vives critiques après des pluies exceptionnelles, qui ont provoqué des inondations dévastatrices et fait au moins cinq morts.
Les autorités se sont défendues en invoquant notamment le caractère exceptionnel de ces pluies.
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"J'exprime ma solidarité à tous ceux qui ont eu des sinistres durant les abondantes pluies du week-end. J'ai demandé au ministre de l'Intérieur de déclencher le plan Orsec", a écrit sur Twitter le président Macky Sall.
Ce plan d'urgence permet de mobiliser des moyens financiers et matériels accrus en situation de sinistre.
Ce montant avait été alloué par le gouvernement à un plan décennal (2012-2022) de lutte contre les inondations.
Le plan "a été intentionnellement abandonné. Les 750 milliards n'ont jamais été dépensés", accuse sur Twitter l'ancien Premier ministre et opposant Abdoul Mbaye.
"Investir autant de ressources pour que les populations se retrouvent dans des situations aussi difficiles est incompréhensible", a affirmé l'ancien député et activiste Cheikh Oumar Sy sur Facebook. Il réclame une commission d'enquête parlementaire.
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Niger: 65 morts et plus de 300.000 sinistrés
Les fortes pluies qui s'abattent depuis juin sur le Niger ont fait 65 morts et plus de 300.000 sinistrés, alors que plusieurs quartiers de Niamey, la capitale, sont toujours engloutis par les eaux, ont indiqué mardi les autorités.
Le précédent bilan officiel, fin août, faisait état de 45 morts et de 226.000 sinistrés.
En outre, 34.000 maisons et cases sont détruites et 5.768 hectares de cultures submergés par les eaux.
Le précédent bilan faisait également état de la destruction d'une soixantaine de salles de classe, d'une vingtaine de mosquées, de 448 greniers à céréales et de 713 puits d'eau potable.
Les régions les plus touchées sont Maradi (centre-Sud), Tahoua et Tillabéri (Ouest), Dosso (Sud-Ouest) et Niamey, mais le Nord désertique n'est pas non plus épargné par ces intempéries.
A Niamey, au moins 10 personnes sont mortes, 12 blessées et plus de 50.000 sinistrées, dans ces inondations provoquées par la crue exceptionnelle du fleuve Niger.
Près de 9.000 maisons se sont également effondrées dans une dizaine de villages riverains du fleuve. La plupart des sinistrés ont trouvé refuge dans les écoles et certains sont hébergés par des proches.
Treize morts dans des inondations au Faso
Au moins treize personnes sont mortes et 19 ont été blessées dans des inondations provoquées par des pluies diluviennes depuis août au Burkina Faso, qui a décrété l'état de catastrophe naturelle.
"Les pluies diluviennes ont entraîné beaucoup de dégâts dans notre pays (...). On enregistre à ce jour treize décès, 19 blessés, beaucoup de maisons détruites et de nombreux sinistrés", a déclaré mercredi le ministre de la Culture Abdoul Karim Sango à la télévision nationale.
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Les victimes sont mortes par noyade ou dans l'effondrement d'habitations souvent précaires, dans ce pays sahélien où 40% des 20 millions d'habitants vivent en-dessous du seuil de pauvreté.
Le dernier corps à avoir été retrouvé est celui d'une femme enceinte, dans un quartier populaire de Ouagadougou inondé par les berges d'un barrage, qui peine à contenir les eaux de ruissellement.
"Face aux pertes en vies humaines et aux dégâts matériels causés par les pluies diluviennes dans notre pays, le gouvernement a déclaré ce mercredi l'état de catastrophe naturelle et débloqué une enveloppe de 5 milliards CFA (7,5 millions d'euros) pour faire face aux urgences", a écrit le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré sur son compte Twitter.
Plus d'un demi-million de Soudanais affectés par les inondations
Plus d'un demi-million de Soudanais sont affectés par les inondations dans la quasi-totalité du pays, a indiqué jeudi l'ONU.
"Mardi, 557.130 personnes étaient affectées par les inondations dans 17 des 18 Etats qui composent le Soudan et les plus touchés sont les régions de Khartoum, du Darfour-Nord (ouest) et de Sennar (est)", note dans un rapport le bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha).
En outre, 111.426 habitations ont été détruites ou endommagées.
Selon l'Ocha, les pluies torrentielles, qui s'abattent sur le pays depuis fin juillet, accroissent les risques de maladie et entravent les efforts de lutte pour contenir la pandémie de Covid-19.
Le système de drainage dans le pays n'est pas fiable et l'eau stagnante dans différents endroits créent les conditions favorisant les maladies transmises par l'eau ainsi que les maladies à transmission vectorielle comme le choléra, la dengue, la fièvre de la vallée du Rift et le chikungunya "dans un pays doté d'un système de santé extrêmement fragile", selon la même source.
Selon la défense civile soudanaise, 103 personnes ont péri, des dizaines d'autres ont été blessées et de vastes terres agricoles ont été touchées lors des inondations.
Le niveau du Nil a, lui, atteint 17,62 mètres, un record absolu depuis plus d'un siècle, date du début des relevés sur le fleuve.