Des émissaires du Maroc reçus en Mauritanie pour "dissiper tout malentendu"

Le président Mohamed Ould Abdel Aziz de la Mauritanie à New Delhi, en Inde, 28 octobre 2015.

Le Maroc a dépêché en Mauritanie une délégation gouvernementale, qui a été reçue mercredi par le président mauritanien pour, selon un communiqué du royaume chérifien, "dissiper tout malentendu" après des propos polémiques d'un responsable marocain.

Le 24 décembre, Hamid Chabat, secrétaire général de l'Istiqlal, le parti historique de la lutte pour l'indépendance marocaine, avait déclaré que la Mauritanie était "une terre marocaine", des propos vivement dénoncés à Nouakchott par l'ensemble des formations politiques.

Le Maroc a dépêché en Mauritanie mercredi une délégation conduite par son chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, afin de "dissiper tout malentendu qui pourrait avoir un impact négatif sur les excellentes relations" entre les deux pays, selon un communiqué du palais royal.

La délégation a été reçue à Zouerate, dans le nord du pays, par le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, a rapporté l'Agence mauritanienne d'information (AMI, officielle).

Les "déclarations de M. Chabat n'engagent que lui-même. Elles reflètent ni la position du roi Mohammed, ni celle du gouvernement, ni celle du peuple marocain", a affirmé M. Benkirane, cité par l'AMI, dans une brève déclaration en arabe à sa sortie d'audience.

"Nos relations sont fondées sur des bases solides faites de respect mutuel, de bon voisinage et de coopération mutuellement avantageuses", a-t-il dit.

"Une mauvaise chose peut conduire à des choses utiles", a-t-il poursuivi, ajoutant : "Les jours à venir vont connaitre un renforcement des relations de coopération entre les deux pays frères".

Il n'a pas fourni de détails et il a quitté la Mauritanie pour le Maroc en début d'après-midi.

Aucune déclaration attribuée au président Aziz n'a été rapportée. Mais une source officielle jointe par l'AFP a souligné que pour les besoins de la rencontre, le président Aziz avait interrompu ses vacances dans la zone désertique du Tiris (extrême nord) pour se rendre à Zouerate.

"C'est bien la preuve de l'importance que le président Aziz accorde à cette mission de Benkirane et aux bonnes relations entre les deux pays ainsi qu'à l'équilibre devant marquer nos relations dans la région", a ajouté la même source, déclinant tout commentaire supplémentaire.

Selon le communiqué du palais royal, Mohammed VI s'était déjà entretenu mardi au téléphone avec Mohamed Ould Abdel Aziz et avait réaffirmé "son attachement à la relation de bon voisinage et de solidarité entre les deux pays".

Les deux chefs d'Etat "ont exprimé leur détermination à préserver cette relation" et le souverain marocain a rappelé à cette occasion que "le Maroc reconnaissait l'intégrité territoriale" de la Mauritanie, d'après ce texte.

De son côté, le ministère marocain des Affaires étrangères avait condamné les "déclarations irresponsables et dangereuses" de M. Chabat, pour étouffer une possible crise diplomatique.

Cet incident est intervenu alors que les relations se sont distendues ces dernières années entre les deux pays voisins.

Des voix se font de plus en plus critiques au Maroc, en particulier sur la question du Sahara occidental. Des médias marocains accusent en effet Nouakchott de laisser les indépendantistes du Polisario circuler librement sur le territoire mauritanien.

Rabat reste néanmoins "animé d'une volonté sincère de développer ses relations avec la Mauritanie et de les hisser au niveau d'un partenariat stratégique", selon le ministère marocain des Affaires étrangères.

Le Maroc mène par ailleurs depuis juillet une intense campagne diplomatique en Afrique pour obtenir sa réintégration au sein de l'Union africaine (UA), qu'il avait quittée en 1984 pour protester contre l'admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) du Polisario.

Avec AFP