Cette course est un nouveau marqueur de la fraternité retrouvée entre les deux voisins de la Corne de l'Afrique, tout juste sortis de deux décennies de profonde hostilité.
Mohammed Ahmed, un Éthiopien, a expliqué à l'AFP s'être mis en disponibilité de son travail pour s'entraîner dur en vue de cet événement "noble".
"Je suis très heureux. Je ne sais même pas comment je peux exprimer ma joie. Il n'y a rien d'autre que l'amour, la réconciliation et le bonheur dans ce monde", a-t-il déclaré.
Son optimisme était partagé par Chalachew Addis, un policier qui avait des raisons personnelles de prendre part à la course.
Chalachew, lui-même éthiopien, a un frère vivant en Erythrée et dont il est resté séparé pendant 20 ans. Ils se sont revus pour la première fois quand la frontière a rouvert en septembre.
"Avec la réouverture de la frontière, mon frère est revenu en Ethiopie pour la première fois en 20 ans et nous nous sommes revus", a-t-il raconté, le regard radieux.
"Je cours en portant le drapeau érythréen. Je suis très heureux que ce jour soit arrivé", a-t-il ajouté.
Lire aussi : L'Erythrée et l'Ethiopie vont rouvrir leur frontière terrestreNega Belay, un ancien entraîneur de la star de l'athlétisme érythréen, Zersenay Tadesse, et représentant de la communauté érythréenne à Londres, a fait écho à ces propos.
"Ce n'est pas la course de deux peuples, mais d'un seul peuple. Ce qui les différencie est mineur, on peut même dire qu'il n'y a pas de différences. Ils sont proches en tout", a-t-il estimé.
M. Nega a dit œuvrer à l'organisation d'un événement du même type dans la capitale érythréenne Asmara pour le Nouvel An 2019.
Ancienne province éthiopienne, l’Érythrée a déclaré son indépendance en 1993 après avoir chassé les troupes éthiopiennes de son territoire en 1991 au terme de trois décennies de guerre.
Les deux pays se sont livré une guerre entre 1998 et 2000, qui a fait quelque 80.000 morts, notamment en raison d'un conflit frontalier.
Lire aussi : L'Ethiopie et l'Erythrée signent en Arabie saoudite un accord consolidant leur réconciliationLes relations sont ensuite restées particulièrement tendues, en raison du refus de l’Éthiopie de céder un territoire frontalier disputé, malgré un jugement favorable à l’Érythrée en 2002 d'une commission indépendante internationale soutenue par l'ONU.
L'arrivée au pouvoir en avril du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, un réformateur âgé de 42 ans, a changé la donne. Il a lancé un processus de réconciliation, qui a débouché sur un accord de paix en juillet.
Ce rapprochement s'est matérialisé par la réouverture des ambassades et de la frontière commune, et le rétablissement des liaisons aériennes, des relations commerciales et des lignes téléphoniques.
Avec AFP