Des milliers de manifestants contre l'avortement et l'homosexualité au Malawi

Une manifestation à Lilongwe, Malawi, 14 septembre. (L. Masina/VOA).

Des milliers de personnes, pour la plupart membres des communautés chrétiennes, ont défilé mardi au Malawi contre un projet de loi facilitant l'avortement et contre les consultations ouvertes par le gouvernement sur les droits des homosexuels.

La marche a réuni quelque 2.000 personnes à Blantyre, la capitale économique du Malawi, et environ un millier dans la capitale politique Lilongwe, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Cette manifestation, la première d'une telle ampleur dans un pays où la sexualité reste largement taboue, a été organisée par les églises catholique et protestante.

Le gouvernement malawite a déposé au Parlement un projet de loi qui autoriserait l'avortement, jusque-là illégal, en cas de grossesse provoquée par un viol ou lorsque l'enfant à naître met en danger la santé physique ou mentale de la mère.

Selon une étude officielle citée par la responsable de la Coalition pour la prévention des avortements dangereux (Copua), Chrispine Sibande, plus de 100.000 femmes ont avorté illégalement au Malawi pendant la seule année 2009.

Lilongwe a par ailleurs annoncé le mois dernier la tenue de "consultations publiques" auprès de la population en vue de modifier la loi qui réprime les relations homosexuelles.

Mise en place à l'époque coloniale, cette législation a été suspendue il y a deux ans afin d'être réévaluée.

Le Malawi avait essuyé de vives critiques en 2010 après l'arrestation et la condamnation à quatorze ans de prison d'un couple d'homosexuels qui s'étaient "mariés". Ils avaient ensuite été graciés par le président de l'époque Bingu wa Mutharika.

"L'avortement et l'homosexualité sont néfastes et scandaleux. Nous nous opposons à la culture de la mort et à cette menace faite à la vie humaine", a lancé mardi le prêtre catholique Francis Tambala, sous les applaudissements des manifestants à Blantyre.

"Nous disons +non+ aux mariages gays et lesbiens", a-t-il ajouté devant la foule qui brandissait des banderoles "l'avortement est un crime" ou "l'homosexualité est une abomination".

"Je cherche un homme pour me marier, si les hommes se marient entre eux, qui est-ce qui va se marier avec moi ?", s'est interrogée une manifestante, Linda Sokoyo.

Le défenseur de la cause gay, Gift Trapence, a accusé les organisateurs de la manifestation de vouloir "détourner" l'attention des "Malawites qui souffrent des vrais problèmes causés par les pannes d'électricité, l'économie en crise et la corruption".

"Les églises ne peuvent pas imposer leurs vues à toute la société", a ajouté à l'AFP M. Trapence.

Avec AFP