Ce rapport, publié le 5 septembre, affirme que de graves violations des droits de l'Homme, dont des crimes contre l'humanité, se sont poursuivies sans relâche au Burundi en 2017 et 2018, commises en majorité par des membres du service national de renseignement, de la police et de l'armée ainsi que des Imbonerakure (ligue des jeunes du parti au pouvoir).
Les manifestants étaient un millier dans les rues de Bujumbura, selon des journalistes locaux qui parlent d'une "faible mobilisation dans la capitale", mais des milliers de personnes se sont mobilisés dans les communes du pays.
Les autorités burundaises ont rejeté ce rapport et les manifestations de samedi ont constitué le point d'orgue d'une semaine de protestation qui a débuté dès la présentation du nouveau rapport des experts de l'ONU.Mardi, les deux chambres du Parlement se sont réunies en congrès extraordinaire et ont adopté une déclaration qui "dénonce et condamne fermement le rapport de la commission d'enquête sur le Burundi qui cache mal l'intention (...) d'intimider et d'arrêter les leaders clés des institutions (...) pour créer un vide institutionnel, empêcher la tenue des élections de 2020 et ainsi permettre au chaos de s'installer dans la région".
Lire aussi : L'ONU affirme que le discours haineux de Nkurunziza alimente les "crimes contre l'humanité"La riposte burundaise est montée d'un cran mercredi avec la décision de déclarer "non grata" les trois membres de la Commission d'enquête, accusés d'avoir écrit un rapport "diffamatoire et mensonger" par le ministre burundais des Affaires étrangères, Ezechiel Nibigira.
Bujumbura ne décolère pas devant ce nouveau rapport qui "dénigre" un pays "où règne la paix et la sécurité", mais c'est surtout la mise en cause du président burundais Pierre Nkurunziza qui passe mal.
Le ministre de l'Intérieur est allé jusqu'à menacer les membres de la commission d'enquête, devant les parlementaires burundais.
"Les experts qui ont osé citer le nom de son Excellence le président de la République (...) doivent demander pardon devant Dieu, sinon leur châtiment ne va pas tarder", a déclaré Pascal Barandagiye, au cours de ce congrès du parlement retransmis en direct sur la radio-télévision burundaise nationale (officielle).
Lire aussi : L'économie frappée de plein fouet par la crise politique au BurundiLe Burundi est en crise depuis que le président Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat controversé. Sa réélection en juillet de la même année a déclenché une crise qui a fait au moins 1.200 morts et déplacé plus de 400.000 personnes. Ces violences ont poussé la Cour pénale internationale (CPI) à ouvrir une enquête.
Avec AFP