Des obstacles mais la foi pour éviter la débâcle au Sénégal pour le Mondial 2018

Le président sénégalais Macky Sall, devant les portes du Palais, à Dakar, le 11 mars 2018.

Matchs amicaux sans lustre, stade à la pelouse impraticable, inquiétudes sur le poste stratégique de gardien: pour sa deuxième participation à une Coupe du monde, le Sénégal devra surtout compter cet été en Russie sur la ferveur et les prières de tout un peuple.

Le président Macky Sall a saisi l'occasion du passage du trophée, dimanche et lundi à Dakar, pour exprimer les ambitions des "Lions de la Teranga", au palmarès continental et mondial pourtant toujours vierge.

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Reportage de Seydina Aba Gueye, correspondant à Dakar pour VOA Afrique

"Il ne faut pas se donner de limites", a-t-il lancé à la foule dimanche devant les grilles du palais présidentiel, après avoir soulevé la coupe remise par Christian Karembeu, membre de l'équipe de France victorieuse de l'édition 1998.

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"Le Sénégal est honoré de recevoir aujourd'hui la Coupe du monde, non pas en tant que champion, mais ça ne saurait tarder, Inchallah", a-t-il ajouté, sollicitant les prières de tous les chefs religieux pour accompagner l'équipe. Il a également souhaité bonne chance aux autres équipes africaines (Nigeria, Maroc, Tunisie et Egypte) qualifiées: "L'Afrique doit gagner la Coupe du monde et le Sénégal doit ouvrir le bal".

Pour sa première participation, en 2002, le Sénégal avait vaincu en match d'ouverture la France (1-0), tenante du titre, et s'était hissé jusqu'en quarts de finale.

Le champion du monde de 1998 Christian Karembeu et le président sénégalais Macky Sall, à Dakar, le 11 mars 2018.

Ouzbékistan et Bosnie en mars

Lundi, la coupe était exposée au public au Grand Théâtre de Dakar, d'une capacité de 1.800 places.

Le sélectionneur Aliou Cissé, capitaine de l'équipe en 2002, a convoqué 30 joueurs pour les deux premiers matches de préparation, le 23 mars contre l'Ouzbékistan au Maroc et le 27 contre la Bosnie-Herzégovine en France.

Après un rassemblement au Sénégal en mai, l'équipe effectuera son principal stage dans la station thermale française de Vittel, avant de rencontrer le Luxembourg, la Croatie et une cinquième nation encore à déterminer.

Les retards dans l'organisation de la préparation et le modeste niveau des adversaires retenus ont suscité les critiques et les inquiétudes. "Il est clair qu'on aurait voulu jouer de grandes nations", a reconnu Aliou Cissé, qui a néanmoins appelé à ne "pas sous-estimer" l'Ouzbékistan ou la Bosnie.

Le sélectionneur a invité la Fédération nationale à choisir une équipe sud-américaine comme cinquième adversaire, alors que le Sénégal jouera son dernier match de poule contre la Colombie, après la Pologne et le Japon.

Aliou Cissé n'a pas caché ses inquiétudes sur l'état de forme de certains joueurs, en particulier au poste clé de gardien de buts. "Il n'y a que Khadim (Ndiaye) qui joue avec Horoya (Guinée) et Pape Seydou (Ndiaye) dans le championnat local (Jaraaf), mais le reste c'est un peu plus difficile. Abdoulaye (Diallo) de Rennes ne joue pas beaucoup, Alfred (Gomis) à SPAL (Italie) c'est pareil", a-t-il déploré.

'Sortons les chapelets'

L'ancien président de l'Olympique de Marseille, le Franco-Sénégalais Pape Diouf, a lui aussi tempéré l'optimisme ambiant: "Croire que mécaniquement le Sénégal va se qualifier pour les quarts de finale", comme en 2002, serait méconnaître la difficulté de la compétition, a-t-il dit devant les élèves du Centre d'études des sciences et techniques de l'information (Cesti), à Dakar. "Sortons les chapelets et prions", a-t-il souri.

La victoire contre la France en "2002 était un miracle. On rejouerait 10 fois le match France-Sénégal, la France gagnerait 9 fois. Si le Sénégal se qualifie à nouveau pour les quarts de finale, je dirai que le miracle s'est reproduit", a confié Pape Diouf.

Autre ombre au tableau, l'absence de match de préparation au Sénégal, en raison notamment de l'état de la pelouse du stade de Dakar, alors que pratiquement tous les joueurs de la sélection évoluent dans les championnats européens.

"On aurait aimé jouer un match au moins à Dakar. Pour l'instant, ce n'est pas possible", a regretté Aliou Cissé. "Rencontrer notre public, rencontrer le peuple sénégalais, c'est ce dont on rêve".

Selon l'ancien sélectionneur Amara Traoré (2009-2012), lui aussi membre de la sélection de 2002, parmi les lacunes de la préparation, celle-ci est la "plus dommageable".

"Pour resserrer les liens avec le public, il était important de jouer un match de préparation au stade Léopold-Sédar-Senghor", a-t-il déclaré à l'AFP, y voyant une source de "pression positive" pour les joueurs.

Avec AFP