Des ONG demandent au gouvernement de stopper la "censure" des réseaux sociaux au Tchad

Une interface d'une iphone avec l'application Facebook en teste à New York, le 5 avril 2016.

L'ONG Internet sans frontières (ISF) et 17 autres organisations ont demandé au gouvernement tchadien et aux opérateurs d'accès à l'internet de "rétablir l'accès aux réseaux sociaux", régulièrement coupés depuis près de trois mois au Tchad.

"Stop à la censure Internet!": Une lettre ouverte a été adressée au gouvernement tchadien et une pétition mise en ligne pour demander de mettre fin à ces blocages.

Depuis trois mois, les internautes tchadiens n'ont eu accès à Facebook, Twitter, Whatsapp, Viber et autres réseaux sociaux qu'une dizaine de jours au total, dénoncent ISF et d'autres ONG comme le Réseau Panafricain des défenseurs des droits de l'homme et Witness, qui disent détenir les rapports d'usage de plus de 300.000 internautes.

"La raison est politique: le gouvernement tchadien a ordonné aux opérateurs de télécommunications de réduire l'accès aux réseaux sociaux à la suite des manifestations massives qui ont secoué le pays en 2016", accusent les ONG.

Contacté par l'AFP, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Ali Alifei, a affirmé mardi qu'il n'y avait "pas de politique délibérée d'empêcher les gens d'accéder à internet ou aux réseaux sociaux", invoquant plutôt des "des difficultés d'ordre technique et d'infrastructures".

Le Tchad est dirigé depuis 1990 d'une main de fer par le président Idriss Deby Itno, dont la réélection en avril dernier est contestée par l'opposition, qui la qualifie de "passage en force".

Malgré le régime sécuritaire qui laisse très peu d'espace à l'opposition, un mouvement de contestation inédit a secoué le pays depuis le début de l'année.

Le viol collectif d'une lycéenne par des fils de dignitaires en février avait provoqué de nombreuses manifestations de colère dans plusieurs villes du pays, sévèrement réprimées par les forces de l'ordre.

Et durant la campagne électorale, la société civile a organisé plusieurs marches pacifiques qui ont été chaque fois interdites .

La coalition de 15 partis d'opposition "Force" a dénoncé début juillet "une situation explosive sur le plan social", alors que les fonctionnaires ont entamé la semaine dernière une grève illimitée contre les salaires impayés.

L'opposition a également demandé à la communauté internationale à reconnaître "la nature dictatoriale" du régime d'Idriss Deby quelques semaines avant son investiture le 8 août.

Le Tchad est un allié de la France et des Occidentaux dans la lutte contre les groupes armés islamistes en Afrique centrale et dans le Sahel. La capitale N'Djamena est ainsi le QG de l'opération militaire française Barkhane au Sahel.

Avec AFP