Des ONG dénoncent l'inaction de Kampala face aux violences

Un garde du corps de Charles Wesley Mumbere, roi du royaume de Rwenzururu, mains menottées, a été appréhendé avec des fusils d'assaut et des engins explosifs improvisés lors d'une perquisition dans l'un des sanctuaires du royaume près de la ville de Kasese, dans l'ouest de l'Ouganda, 29 novembre 2016.

Des organisations de défense des droits de l'homme ont dénoncé vendredi à Kampala "l'absence de volonté" du gouvernement ougandais d'enquêter sur l'assaut meurtrier contre le palais d'un roi coutumier de l'ouest du pays, qui avait fait plus de 155 morts fin 2016.

"C'est un événement de grande ampleur qui s'est déroulé à Kasese, le plus grand nombre de victimes en un seul événement en Ouganda depuis les pires heures de la guerre contre la LRA", la rébellion de l'Armée de résistance du seigneur, a déclaré lors d'une conférence de presse Maria Burnett, la directrice Afrique de Human Rights Watch (HRW).

"Les victimes des violences de novembre (2016) ont droit à la justice et elles ont le droit de demander des comptes au regard du droit ougandais et international", a ajouté Mme Burnett.

Les 26 et 27 novembre 2016, à Kasese (ouest), la police et l'armée ougandaises avaient dans une opération conjointe assiégé puis donné l'assaut du palais du roi du Rwenzururu, Charles Wesley Mumbere, défendu par des gardes armés uniquement de machettes, selon HRW.

Les autorités ougandaises avaient affirmé que ces gardes formaient une milice liée à un mouvement prônant la création d'une "république de Yiira", sur la zone frontalière entre l'ouest de l'Ouganda et une partie du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo.

La police soutenait également que les policiers avaient été attaqués par les gardes.

Peu après les faits, le roi avait été interpellé puis inculpé de terrorisme et trahison. Il a été remis en liberté provisoire en février.

Selon HRW, plus de 155 personnes, dont 15 enfants et 14 policiers, ont été tuées dans les violences des 26 et 27 novembre, un bilan contesté par les autorités qui a fait état en mars de 103 morts, tous adultes.

Nicholas Opiyo, le directeur de l'ONG Chapter 4, l'une des 40 ONG ayant participé à l'appel de vendredi pour une enquête indépendante, a par ailleurs dénoncé les intimidations de témoins par les forces de sécurité.

"Deux de nos chercheurs ont été arrêtés par deux fois simplement parce qu'ils recueillaient les témoignages des victimes. Il s'agit d'une tentative d'empêcher toute enquête indépendante", a dénoncé M. Opiyo. "Six mois après les faits, l'absence de volonté d'enquêter des autorités ougandaises est claire et je pense qu'il est temps de demander une aide internationale" pour conduire les investigations.

Interrogée par l'AFP, la porte-parole adjointe de la police ougandaise a assuré que l'enquête était en cours. "Il y a eu un incident qui s'est produit et un certain nombre de personnes ont été tuées. Selon le médecin légiste de la police, il n'y avait pas d'enfants parmi les victimes", a précisé Polly Namaye.

Avec AFP