Des ONG pointent l'effort encore insuffisant des pays du G20

Des habitants passent devant le quartier financier de Shanghai, Chine, le 14 avril 2016.

Les pays du G20 doivent s'engager plus activement dans la décarbonisation des économies, ont exhorté jeudi des ONG de défense du climat, déplorant par exemple le financement par l'UE de projets liés aux énergies fossiles.

Les grandes puissances devront revoir à la hausse (par 6!) leurs objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 si le monde veut tenir les engagements de l'accord et rester sous la limite des +2°C de réchauffement, a calculé Climate Transparency, dans un rapport publié à trois jours du sommet du G20 à Hangzhou (Chine).

Selon Climate Transparency, qui rassemble plusieurs centres de recherche, les politiques publiques ont progressé, mais les investissements "bas carbone" sont insuffisants et les projets de centrales à charbon incompatibles avec l'impératif climatique: "le G20 n'est pas encore en train de passer d'une économie brune à une économie verte".

Le G20 génère 75% des émissions mondiales, et ses GES liés aux énergies ont crû de 56% de 1990 à 2013. Cette croissance s'est arrêtée mais les émissions ne déclinent pas encore, car les progrès des renouvelables ne compensent pas la hausse de l'activité, note le rapport, qui rappelle notamment la promesse du G20 en 2009 d'éliminer les subventions aux énergies fossiles.

"Notre évaluation montre que la Chine agit plus que de nombreux pays. Son leadership au sommet du G20 pourrait contribuer à mettre le monde sur le bon chemin", espère Peter Eigen, coprésident de Climate Transparency.

Climat et mise en oeuvre de l'accord de Paris sont à l'agenda de Hangzhou, premier sommet du G20 depuis la signature en décembre du pacte mondial contre le réchauffement.

Le Réseau Action Climat (CAN) s'est pour sa part intéressé à l'Union européenne, et conclut que ses "financements publics ne sont pas en phase avec l'accord de Paris".

Selon un rapport produit par ce réseau d'ONG, la Banque européenne d'investissement (BEI) et la Banque européenne pour la Reconstruction et le Développement (Berd) ont, entre 2013 et 2015, mis à disposition plus de 12 mds d'euros pour des projets liés aux énergies fossiles.

Des dispositifs communautaires comme l'ETS (le système d'échange de quotas d'émission de CO2), permettent aussi aux pays membres de continuer à soutenir ce type d'infrastructures, ajoute le CAN.

"L'UE assure fièrement être un leader en matière d'action climatique. Elle s'est engagée à éliminer les subventions dommageables à l'environnement. Or elle est très loin d'en prendre le chemin", souligne Maeve McLynn, du CAN Europe, pour qui "le sommet de Hangzhou est l'occasion pour tous les dirigeants du G20 de préparer la transition".

Jeudi, une dizaine d'ONG incluant Greenpeace et les Amis de la Terre ont aussi écrit au président américain Barack Obama pour exprimer leur préoccupation face au projet de traité de libre-échange UE-USA (TTIP).

"Nous ne pouvons nous permettre des politiques commerciales qui saperaient l'action climatique", écrivent-elles, relevant que les propositions européennes dans le cadre du TTIP remettent en cause la promesse de supprimer les subventions aux énergies fossiles.

Avec AFP